Partager la publication "Cumul d’emploi : comment l’encadrer et l’accompagner en tant que professionnel RH ?"
Une autre étude du salon des microentreprises en dénombrait 4,5 millions. Selon cette étude, les slasheurs sont plutôt jeunes (22 % des actifs de moins de 30 ans auraient au moins deux activités) et pour 64 % d’entre eux motivés par la recherche de revenus complémentaires. Freelancers pour 10 %, associés pour 6 % ou dirigeants d’entreprise à hauteur de 5 %, ils sont 7 % à tester une idée en mode pluriactivité avant de créer une entreprise. La pluriactivité peut donc être une phase de transition avant un engagement entrepreneurial plus fort.
L’entrepreneuriat n’est pas le seul mode de pluriactivité ou cumul d’emploi. Beaucoup le font pour arrondir les fins de mois, explorer de nouveaux horizons professionnels, ou simplement diversifier leurs compétences. Mais si cette tendance prend de l’ampleur, elle pose aussi de nombreux défis aux ressources humaines. Que doit faire un professionnel RH pour accompagner ces salariés multi-actifs tout en garantissant que l’entreprise respecte la loi ? C’est à cette question qu’on va tenter de répondre ici.
Respecter le cadre légal du cumul d’emploi tout en soutenant vos équipes
Commençons par le cadre légal. En France, un salarié ne peut pas travailler plus de 10 heures par jour et 48 heures par semaine (ou 44 heures si l’on fait une moyenne sur 12 semaines). Ce n’est pas juste une règle, c’est une protection. Trop travailler, c’est un risque pour la santé du salarié, et cela peut aussi nuire à l’entreprise si le salarié est épuisé ou inefficace. Si ces limites sont dépassées, l’entreprise et le salarié risquent une amende allant jusqu’à 3 000 € en cas de récidive.
Alors, comment éviter ces infractions ? Les RH peuvent mettre en place des outils de suivi des heures. Les logiciels de planning comme PayFit ou Factorial permettent de garder un œil sur les heures travaillées et d’éviter les dépassements. En plus, c’est une manière d’instaurer une transparence dans la gestion des temps de travail, ce qui renforce la confiance entre l’employé et l’employeur.
Loyauté et clauses d’exclusivité : on fait comment ?
Au-delà des questions d’heures, il y a aussi l’aspect de la loyauté. Un salarié doit être loyal envers son employeur, ce qui signifie qu’il ne peut pas travailler pour une entreprise concurrente. Certaines entreprises incluent d’ailleurs des clauses dans le contrat de travail autour de la notion d’exclusivité, interdisant au salarié d’exercer toute autre activité professionnelle, même si elle n’est pas concurrente. Ces clauses sont légales pour les contrats à temps plein, mais interdites pour les temps partiels.
Pour éviter les malentendus, il est essentiel pour les RH de bien communiquer avec les salariés. Expliquez clairement les risques encourus en cas de non-respect de ces clauses, et vérifiez que les contrats sont à jour. Un salarié qui ne respecte pas ces règles pourrait se retrouver en situation de faute grave, avec toutes les conséquences que cela implique.
Encourager le développement de compétences grâce au slashing ou au cumul d’emploi
Et si on changeait de perspective ? Plutôt que de voir le cumul d’emplois comme une contrainte, pourquoi ne pas l’envisager comme une opportunité pour développer les compétences des salariés ? Beaucoup d’entre eux cumulent plusieurs emplois non pas uniquement pour des raisons financières, mais aussi pour acquérir de nouvelles compétences. C’est l’occasion pour les RH de capitaliser sur ces expériences pour enrichir les compétences internes de l’entreprise.
Imaginez un salarié qui cumule un emploi en RH avec une activité freelance dans le marketing digital. Il pourrait acquérir des compétences en communication RH, en gestion de la marque employeur ou en gestion de projet, qui seraient ensuite utiles dans son rôle principal. C’est une façon d’amener de la polyvalence dans l’équipe.
Comment mettre en place cette dynamique ?
En tant que RH, il est possible d’accompagner les salariés slasheurs en proposant des bilans de compétences réguliers. Ces bilans permettent de faire le point sur les aptitudes acquises grâce aux différentes expériences, et de les intégrer dans un plan de carrière adapté. Vous pourriez également offrir des formations internes pour renforcer ces compétences et les aligner avec les besoins de l’entreprise.
Un autre levier est la flexibilité des horaires. En proposant des horaires flexibles ou des possibilités de télétravail, vous permettez aux salariés de mieux organiser leur emploi du temps et d’éviter de se retrouver en difficulté à jongler entre plusieurs activités. Cette flexibilité montre aussi que l’entreprise se soucie du bien-être de ses collaborateurs, même si elle doit être encadrée afin d’éviter les abus.
Lutter contre l’épuisement professionnel lié au cumul d’activités
On ne va pas se mentir, cumuler plusieurs emplois peut être épuisant. En tant que RH, votre rôle est de prévenir ces situations d’épuisement professionnel. Organisez des entretiens individuels réguliers pour évaluer la charge de travail de vos salariés slasheurs. C’est l’occasion de discuter de leur bien-être et d’identifier les signes d’épuisement avant qu’ils ne deviennent trop lourds à gérer.
Encouragez également vos salariés à prendre leurs congés régulièrement et à respecter leurs périodes de repos. Parfois, il est tentant de sacrifier du repos pour boucler des projets, mais à long terme, cela peut être dangereux pour leur santé et leur efficacité.
Quelques mesures concrètes pour accompagner les slasheurs
Pour mieux encadrer et soutenir les salariés qui cumulent plusieurs emplois, voici quelques actions concrètes que vous pouvez mettre en place :
Misez sur la flexibilité des horaires
Adaptez les horaires de travail pour permettre aux salariés de concilier plusieurs activités. Par exemple, proposez des créneaux de télétravail ou des horaires aménagés. Mettez en place une charte de bonnes pratiques dans le cadre du télétravail afin de vous assurer d’encadrer les activités du salarié depuis son domicile.
Organisez le suivi des compétences
Organisez des points réguliers pour identifier les compétences acquises à travers les différentes expériences professionnelles et voir comment elles peuvent être utilisées dans leur poste principal. Proposez au salarié un bilan de compétences afin d’identifier les savoir-faire transférables dans son poste actuel.
Proposez de la formation continue pour répondre à la soif d’apprendre des slasheurs
Offrez des formations adaptées à ces compétences transversales pour aider les salariés à développer leur carrière et à renforcer leur valeur ajoutée pour l’entreprise. N’oubliez pas que les slasheurs sont souvent des profils très polyvalents et multipotentiels, qui ont besoin d’être alimentés régulièrement par de nouvelles ressources afin d’enrichir leur parcours.
Prévenez le risque d’épuisement professionnel
Mettez en place des services de coaching ou des consultations psychologiques pour soutenir les salariés dans la gestion de leur charge de travail et éviter le burn-out. Proposez un suivi personnalisé des salariés slasheurs afin de leur éviter de frôler l’épuisement professionnel lié à une surcharge d’activité. Et surtout, sensibilisez-les !
Surveillez le respect des plannings
Utilisez des logiciels de suivi du temps de travail pour garantir que les salariés respectent les limites légales tout en conciliant leurs différentes activités. Contrôlez également que le travail est correctement effectué en mettant en place un management par la performance et une logique de contrôle des résultats.
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Conclusion : faire du cumul d’emplois un atout pour votre entreprise
Le cumul d’emplois peut représenter un défi pour les RH, c’est sûr. Mais il est aussi une formidable opportunité si l’on sait en tirer parti. En respectant les règles légales, en accompagnant vos salariés slasheurs et en capitalisant sur leurs compétences, vous pouvez transformer cette situation en un atout stratégique pour l’entreprise.
Alors, plutôt que de voir le cumul d’emplois comme une contrainte, pourquoi ne pas le transformer en levier de développement pour vos équipes ?
