Quel avenir pour le télétravail ?

Sur les 1300 PDG sondés lors de l’étude baptisée “2023 CEO Outlook”, ⅔ des interrogés souhaitent un retour total au présentiel. Et pas d’ici 10 ou 20 ans : leur objectif serait que tous les employés reviennent au bureau d’ici 3 ans au maximum. Alors, quel avenir pour le télétravail ? Est-ce vraiment la fin du Remote ou de nouvelles formes hybrides tendent-elles à émerger et à se structurer ?

Quel avenir pour le télétravail ?
Après l'effervescence du télétravail pendant la crise du Covid-19, les entreprises reviennent en arrière.

Une tendance à la baisse du télétravail

La plupart des grandes entreprises, notamment dans le secteur de la tech, veulent mettre fin au télétravail « full remote » tel qu’il était pratiqué pendant le COVID-19.

Qu’est-ce que le mouvement RAB ou RTO ?

Après avoir poussé leurs salariés au télétravail pendant la pandémie, certains groupes américains comme Google, Amazon, ou encore Zoom, demandent à ce qu’ils reprennent le chemin du bureau. Ce phénomène appelé RAB pour « Retour Au Bureau », ou RTO pour Return To Office, préoccupe de nombreux RH qui se demandent comment procéder pour faire revenir les salariés tout en préservant le climat social de l’entreprise. 

Cependant, des  informations récentes suggèrent que cette tendance au retour au bureau connaît un ralentissement ces derniers mois. Il s’agirait plutôt d’un retour au travail hybride tel qu’il est déjà pratiqué dans de nombreuses organisations. D’ailleurs, pour la plupart de ces géants américains qui ont annoncé le retour au bureau, celui-ci est partiel : 2 ou 3 jours par semaine par exemple. Il y donc bien régulation, limitation, mais pas d’extinction du télétravail.

Les RH sommés de montrer l’exemple !

Comme l’a montré notre dernier baromètre sur le moral des RH en 2024, les professionnels RH n’échappent pas à la règle d’une tendance générale du retour au bureau. Ces derniers ont eu en moyenne 1,8 jour de télétravail par semaine en 2023 contre 2,6 jours en 2022

Les RH sont au cœur des nouveaux modèles d’organisation et sont souvent sommés de montrer l’exemple pour faire revenir les salariés au bureau. Ainsi, les responsables RH télétravaillent moins souvent que leurs homologues gestionnaires : en moyenne 1,7 jour par semaine seulement ! Pour autant, ce n’est pas la fin totale du télétravail, puisque ces derniers continuent de télétravailler plus d’un jour par semaine.

Vers plus de travail hybride

En France, les salariés ont repris assez tôt le chemin de l’entreprise après la crise du Covid-19  et le full remote n’a pas été un phénomène de longue durée. En effet, l’entreprise est d’abord un collectif.  Il faut un minimum de temps d’échanges en présentiel pour entretenir l’esprit d’équipe, la culture d’entreprise et tout simplement pour véritablement connaître ses collègues.

Pour fonctionner sur le long terme, la collaboration à distance a besoin de quelques moments de contact en présentiel. Périodiquement, ou ne serait-ce qu’occasionnellement, lorsqu’elle fait le choix du « remote first », l’entreprise doit organiser des séquences en présentiel. Aussi, de nombreuses entreprises ont privilégié une organisation du travail hybride, de manière précoce, par rapport à leurs homologues américaines.

Faire revenir les salariés au bureau : un choix pas si simple

 Si certains salariés ne voient pas d’inconvénient à revenir partiellement en présentiel, car attachés à la vie sociale de l’entreprise, d’autres en revanche, la quittent si elle leur impose de revenir au bureau. Une entreprise sur quatre a été confrontée à ce type de départ l’année dernière. Un retour en arrière semble donc difficilement envisageable, mais met au défi les services RH de trouver une forme hybride de travail satisfaisante pour les deux parties. 

Il ne faut pas oublier que la possibilité de télétravailler reste un critère majeur d’attractivité pour les entreprises : 36 % des candidats sont prêts à refuser une offre d’emploi s’ils constatent un manque de flexibilité.

Quels leviers de motivation pour le retour au bureau ?

Dans ces conditions, les services Ressources humaines doivent trouver de nouveaux leviers de motivation pour faire revenir les salariés au bureau. 

Il peut s’agir par exemple :

  • de compensations financières à travers des transports, des repas pris en charge ou des animations extérieures ;
  • de réductions de temps de trajet avec des bureaux moins éloignés (via des espaces tiers de coworking par exemple) ;
  • de l’introduction de nouvelles technologies pour travailler différemment.

Un bureau qui doit se réinventer

Pour les collaborateurs, il est essentiel que le bureau apporte une nouvelle plus-value, qu’il soit générateur de plus de collaborations et de rencontres. Ainsi, les nouveaux bureaux deviennent davantage des lieux hybrides, inspirés des coworkings. De nombreuses entreprises revoient même l’agencement de leurs bureaux pour prendre en compte le travail hybride, la combinaison entre travail sur site et télétravail des collaborateurs. Elles adaptent leurs locaux au flex-office. Il s’agit en fait d’aménager des espaces de travail où les collaborateurs ne disposent pas d’emplacement fixe, avec souvent un système de réservation préalable au travail sur site

Vers le proxitravail ?

Dans son “Petit guide 2023 du Proxitravail”, Rémy Lasset explique en quoi les espaces de travail partagés peuvent constituer une solution pour faire revenir les salariés dans les bureaux sans entraver leur équilibre de vie professionnelle-vie privée. Le proxitravail désigne une forme de télétravail, non pas à domicile mais à proximité du domicile.

Il constitue une solution complémentaire et vertueuse, en réponse au classique dilemme entre  le travail sur site et le travail à domicile. De façon pratique, le proxitravail consiste à télétravailler dans un espace de coworking, tiers-lieu d’activité professionnelle ou tiers-lieu hybride incluant cette orientation, localisé  à une distance significativement inférieure à celle qui sépare le domicile du bureau ou autre lieu de rattachement de l’emploi.

Avec le proxitravail, les entreprises préservent la qualité de vie de leurs collaborateurs mais réalisent aussi des économies sur le poste immobilier et sur d’autres catégories de frais généraux. Dans les villages et les villes petites et moyennes où vivent de très nombreux salariés, les loyers des espaces de coworking, bureaux à usage flexible et autres tiers-lieux sont généralement beaucoup moins élevés que les loyers des sites centraux dans les grandes villes et les quartiers d’affaires.

Bien sûr, l’économie n’est réelle, à effectifs constants, que si l’employeur de ces salariés en proxitravail libère des surfaces sur le ou les sites principaux plus coûteux. Le flex office permet d’atteindre cet objectif.

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A retenir : quel avenir pour le télétravail ?

L’avenir du travail semble osciller entre le désir d’un retour au présentiel et la reconnaissance de la valeur du télétravail. Alors que deux tiers des PDG interrogés dans l’étude « 2023 CEO Outlook » manifestent une préférence pour un retour au bureau dans les trois prochaines années, la réalité du marché et les attentes des salariés tendent vers un modèle plus nuancé et flexible.

Il est clair que le télétravail, tel que massivement adopté durant la crise du COVID-19, ne disparaîtra pas totalement. Au contraire, une évolution vers des modèles de travail hybride est déjà en cours, où la combinaison du travail à distance et en présentiel devient la norme dans de nombreuses organisations. Cette hybridation permet de répondre à la fois aux besoins des entreprises en termes de collaboration, de culture d’entreprise et d’esprit d’équipe, tout en offrant aux salariés la flexibilité et l’équilibre vie professionnelle-vie privée qu’ils recherchent.

Les défis pour les services RH sont conséquents dans ce contexte de transformation. Ils doivent non seulement adapter les politiques de travail pour inclure plus de flexibilité, mais aussi repenser l’agencement des espaces de bureau pour répondre aux exigences du flex-office et du travail hybride. En outre, des initiatives comme le proxitravail montrent une voie vers une intégration plus harmonieuse du travail à distance, en proposant des solutions qui allient proximité géographique et flexibilité.

En conclusion, bien que certains dirigeants aspirent à un retour au présentiel, l’avenir du travail semble s’orienter vers une approche plus équilibrée et flexible. Le télétravail et les modèles hybrides ne sont pas près de disparaître ; ils se transforment et s’adaptent aux besoins des entreprises et des salariés. Les organisations qui sauront naviguer dans cette transition, en mettant en place des stratégies innovantes et en réinventant leurs espaces de travail, seront celles qui réussiront à attirer et à retenir les talents !

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