Semaine de 4 jours : où en est-on ?

La diminution du temps de travail instaurée par la loi AUBRY en janvier 2000 avait pour but d’endiguer un chômage galopant.

La répartition du travail entre les actifs était la solution trouvée par le gouvernement afin de permettre, ou au moins d’espérer, un retour vers le plein-emploi ; cela n’a pas forcément eu l’effet escompté sur l’emploi, et cette loi a souvent été décriée.

Une nouvelle ère s’est ouverte pour les travailleurs : celle des loisirs. Le travail n’est plus l’accomplissement suprême. Le travail est important et doit être épanouissant, mais bon nombre de salariés ne le considère plus comme l’élément central de leur vie.

Cet article a été publié il y a 2 ans.
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Semaine de 4 jours : où en est-on ?
Une nouvelle organisation mélangeant bien-être et travail

Travailler moins, c’était donc aussi avoir une meilleure qualité de vie. Désormais, la qualité et la quantité de temps libre sont des éléments déterminants, et nous assistons aujourd’hui à de véritables débats autour de la semaine de 4 jours. Où en sommes-nous ? Est-elle pour demain ? Cette organisation du temps de travail suscite encore de nombreuses interrogations.

Dans l’hypothèse où nous passerions à la semaine de 4 jours, notre productivité en serait-elle pour autant dégradée ? La réponse est non, bien au contraire. Dans une société où la place donnée aux loisirs est sans cesse grandissante, elle pourrait même constituer, très rapidement, un atout majeur en termes d’attractivité dans les entreprises.

Mais pourquoi autant de réticence chez certains ?

Nous allons tenter de répondre à ces questions.

Retour sur la réglementation relative au temps de travail

En France, la durée légale du temps de travail est fixée à 35 heures par semaine pour un temps complet. Toutefois, une certaine souplesse est prévue afin de permettre aux entreprises de faire face aux fluctuations et à la saisonnalité de l’activité.

Ainsi, il convient de rappeler que la durée maximale quotidienne du travail est fixée à 10 heures. Concernant les durées maximales hebdomadaires, la règle est la suivante : une moyenne de 44 heures maximales hebdomadaires sur une période de 12 semaines consécutives, ou bien 48 heures maximales hebdomadaires.

Enfin, le temps de repos a, lui aussi, son importance : la durée quotidienne de repos est fixée à 11 heures et le repos hebdomadaire doit être d’au moins 35 heures consécutives.

Par conséquent, à la lecture de ce rappel, force est de constater que rien ne s’oppose légalement à ce que les 35 heures hebdomadaires soient effectuées sur 4 jours au lieu de 5 aujourd’hui dans la plupart des entreprises.

Les avantages de la semaine de 4 jours

De plus en plus plébiscitée par les salariés, la semaine de 4 jours revêt, à leurs yeux du moins, de nombreux avantages, parmi lesquels :

Une amélioration des conditions de travail passant par une meilleure articulation vie personnelle / vie professionnelle

Depuis de nombreuses années, le nombre de salariés se plaignant de souffrance au travail est grandissant. Les entreprises en ont pris conscience et face à la gravité de la situation, elles ont mis en place des mesures afin de faciliter cette articulation entre vie personnelle et professionnelle.

La négociation d’accord sur la qualité de vie au travail a été un premier pas. Des renégociations du temps de travail et le développement du télétravail, en est un second.

Puis l’épisode de COVID est arrivé.

L’un des effets bénéfiques de cette pandémie est sans aucun doute que chacun d’entre nous a pris conscience qu’il est d’une importance capitale de se sentir bien au travail. Travail et Bien-être ne sont pas antinomiques. Savoir se ménager des plages de détente, mais aussi et surtout déconnecter, est fondamental.

Aussi, la semaine de 4 jours pourrait être la réponse parfaite à ce qui ressemble aujourd’hui à une évidence. Une telle évidence que les recruteurs y voient là un argument de taille pour attirer des candidats de plus en plus exigeants.

Une mesure d’attractivité pour les entreprises

Alors que le recrutement est de plus en plus difficile, les candidats sont, eux, de plus en plus exigeants. L’image véhiculée par les entreprises est devenue fondamentale et fait partie intégrante du choix des candidats lors de la prise de décision.

L’image employeur devient stratégique pour attirer, mais également fidéliser les collaborateurs. Force est de constater que selon une récente étude menée par ADP, à poste et rémunération identiques, 60 % des candidats choisissent l’entreprise qui propose la semaine de 4 jours !

(https://www.fr.adp.com/a-propos-adp/communiques-de-presse/04-05-22-plus-de-6-salaries-francais-sur-10-seraient-prets-a-adopter-la-semaine-de-4-jours.aspx)

Dans ces conditions, il y a fort à parier que la semaine de 4 jours va devenir un élément de différenciation entre les employeurs et un critère de choix important, comme l’était en son temps la possibilité de télétravailler pour nombre de candidats.

Un gain en termes de coût et d’environnement

À l’heure où chacun cherche à économiser l’énergie, il est indéniable que la semaine de 4 jours pourrait, elle aussi, être au moins une partie de la réponse. Une autre incidence sur l’environnement : moins de jours en entreprise, c’est moins de véhicules en circulation, donc moins de pollution.

À ceci s’ajoute une autre économie : des salariés plus reposés sont plus productifs, et puis travailler 4 jours par semaine ce n’est pas travailler moins longtemps, mais concentrer son temps de travail sur une plus courte période. Il ressort d’ailleurs de certaines études que dans les entreprises qui sont passées à la semaine de 4 jours, la productivité a bondi. Microsoft Japon qui a imposé ce rythme à ses salariés a constaté une hausse de sa productivité de 40 % ! (source : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-boulot/temps-de-travail-la-semaine-de-quatre-jours-experimentee-en-espagne_4794313.html)

Par ailleurs, nous pouvons également escompter sur une diminution de l’absentéisme, qui nous le savons bien est un gouffre financier pour les entreprises (l’économie française y consacre 100 milliards par an).

La semaine de 4 jours est-elle possible pour toutes les entreprises ? Peut-on faire marche arrière ?

Une étude menée par EY, en 2021, indique que 64 % des salariés français voudraient profiter d’une plus grande flexibilité dans l’organisation de leur temps de travail. Adapter leurs horaires de travail et les concentrer sur 4 jours serait pour eux la solution parfaite.

(https://www.ey.com/fr_fr/workforce/mise-en-place-de-la-semaine-de-4-jours-en-france)

Mais cette solution est-elle possible dans toutes les entreprises ?

D’un point de vue légal, aucun souci. À partir du moment où la durée maximale journalière du travail est respectée, ce dispositif peut être adapté aux contraintes de l’activité de l’entreprise assez aisément.

Les possibilités sont ainsi multiples et les entreprises, par le biais d’un accord collectif négocié avec les syndicats, vont pouvoir définir librement les nouvelles modalités de répartition du temps de travail. Il ne faut toutefois pas être naïf, pour certaines structures, les contraintes sont telles que le déploiement peut être compliqué.

Retour sur expériences

Si, comme énoncé plus haut, 64 % des Français sont prêts à passer à la semaine de 4 jours, en est-ce autant pour demain ?

À mon sens, comme il l’a fallu en son temps pour le télétravail, nous devrions faire face à un blocage d’ordre culturel. Regardons ce qui se passe hors de nos frontières et dans les entreprises qui ont d’ores et déjà sauté le pas.

En Espagne, au Japon, en Belgique, en Islande, la semaine de 4 jours est en passe de rentrer dans les mœurs. Le Royaume Uni a lancé une phase de test pour 6 mois. L’Espagne et la Belgique expérimentent également la semaine de 4 jours. Chacun avec des motivations différentes : au Japon, il s’agit de lutter contre le surmenage des salariés, en Nouvelle Zélande, de relancer le tourisme…

L’entreprise WELCOME TO THE JUNGLE a initié ce projet en 2019. L’objectif principal était, outre d’améliorer la satisfaction au travail, d’accroître la productivité. Dans cette entreprise, le choix a été de proposer aux collaborateurs de prendre ou bien le mercredi ou bien le vendredi, en tant que jour off. Un vrai succès : les pauses sont moins longues, les réunions inutiles abandonnées. Chacun s’est recentré sur l’essentiel pour être plus efficace, et les dysfonctionnements initiaux ont été mis en exergue, puis corrigés.

Dans l’industrie aussi, une telle organisation peut être mise en place. Elle demandera sans doute plus de rigueur et paraîtra de prime abord plus contraignante, mais assurer la continuité de l’activité est possible par roulement, et cela peut également être un bon moyen de développer la polyvalence et par ricochet de lutter contre les TMS !

Chez DESIGUAL, l’enseigne espagnole, c’est 86 % des salariés qui ont répondu favorablement à la proposition de la semaine de 4 jours. Sur les 4 jours, 3 devront être en présentiel et 1 pourra se faire en télétravail. La journée « off » sera le vendredi, et concerne essentiellement les collaborateurs du siège. Contrairement aux autres entreprises, la semaine de 4 jours s’accompagne d’une diminution du temps de travail et par conséquent de salaire (passage de 39,5 heures par semaine à 34 heures).

En France, on y regarde de plus près chez Total Energies ; et chez IT Partner, une entreprise lyonnaise, la semaine de 4 jours a été adoptée en début d’année 2021 avec une grande souplesse.

Alors, pour ou contre, le débat est ouvert. En attendant, il y a néanmoins des principes à respecter si on souhaite que la transition se passe en encombres.

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 DURÉE DU TRAVAIL

2 jours – En présentiel ou à distance

  • Définir les obligations de l’employeur en matière de durée du travail.
  • Adapter la durée du travail aux souhaits et aux contraintes de l’entreprise.
  • S’assurer de la bonne application des règles en matière de contrôle horaire des salariés.
  • Intégrer les dernières évolutions en matière de durée du travail.

Conseils pratiques, les pièges à éviter et ce à quoi il faut penser avant de commencer

La surcharge de travail

Il faut y penser. Néanmoins, tout cela dépendra de la façon dont vous souhaitez organiser la semaine de 4 jours. Deux possibilités vous sont offertes : réduire le temps de travail et adapter la charge de travail en conséquence, ou bien maintenir le temps de travail hebdomadaire et le répartir sur 4 jours. Attention à ne pas tomber dans le piège.

Une réorganisation parfois compliquée

C’est surtout dans l’industrie, à mon sens, que ce changement va être le plus compliqué. Est-il possible d’arrêter des outils de production, faut-il se réorganiser par roulement … ? Si vous souhaitez instaurer la semaine de 4 jours, n’hésitez pas à créer un groupe de travail afin d’y associer les salariés de l’entreprise et ainsi d’effectuer ce changement en concertation.

Temps d’adaptation à ne pas négliger et accompagnement au changement des collaborateurs

Si certains salariés vont très vite s’adapter à ce changement, certains risquent d’être perturbés par ces modifications. Alors, procédez en douceur en prévoyant des rencontres régulières afin d’échanger sur les éventuelles difficultés rencontrées.

Dissolution des relations sociales

Comme cela a été le cas pour le télétravail en son temps, il est à craindre que le fait de passer moins de temps au bureau soit encore un facteur de dissolution des relations sociales. À nos représentants du personnel d’être créatifs et inventifs afin de maintenir leur audience auprès des salariés. C’est un risque, mais à mon sens limité.

Diminution de la vie d’équipe

Il en est de même pour la crainte de la diminution de la vie d’équipe. Si vous souhaitez maintenir réunion et séminaire, en présentiel, il faudra un peu d’organisation. Et pensez-y, ce n’est pas la quantité, mais la qualité des relations qui compte ! Il est donc parfaitement possible de maintenir du lien sur un temps plus court. Des collaborateurs plus détendus seront plus ouverts aux autres.

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