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Partager la publication "Donner du sens au travail : un enjeu pour les collaborateurs et pour les entreprises"
Des collaborateurs se sont retrouvés enfermés chez eux avec ou sans travail. D’autres en revanche ont dû aller travailler pour assurer nos besoins vitaux ou encore sauver des vies, souvent dans un grand isolement et avec la peur d’être exposé au Covid-19. Cette expérience du confinement a été pour beaucoup l’occasion de repenser sa relation au travail et notamment le sens que celui-ci recouvre.
Comment définir le sens au travail ?
Si le sens du travail est communément lié aux tâches et aux activités, parties intégrantes d’une fonction, le sens au travail peut s’interpréter différemment. Il peut être une orientation, une vision, une finalité, un objectif à poursuivre. Il représente aussi les relations que nous entretenons avec ce qui est constitutif du travail, comme nos collègues, nos responsables hiérarchiques, nos clients, nos fournisseurs… Mais le sens au travail est bien plus que ça, car il révèle quelque chose qui est de l’ordre de l’intime.
Le sens au travail est une notion subjective, car c’est avant tout une question de perception que nous avons à la fois de notre travail et de notre rapport à celui-ci. S’il repose sur nos expériences de travail, il est aussi le résultat de l’interprétation que nous faisons de ces expériences. Le sens au travail est extrêmement subjectif, car si tous les métiers ont du sens, on ne trouve pas tous du sens à tout ce que nous faisons. Un ingénieur pourra trouver son travail vide de sens alors qu’un maçon se régalera dans son activité.
Le sens au travail renvoi à un sentiment d’accomplissement, à quelque chose dont on peut être fier, dont on peut tirer une satisfaction, qui nous grandit.
La crise sanitaire a propulsé sur le devant de la scène cette question du sens au travail, même si cette question fait débat depuis quelques années déjà, avec des attitudes de repli, de retrait, des relations interpersonnelles parfois difficiles, délétères d’un point de vue de la santé des salariés et de la performance des entreprises. Les changements organisationnels portés par la Covid-19, les nouvelles habitudes de vies induites par le télétravail notamment, ont posé la question de la place que nous accordons au travail, amenant à nous interroger sur le sens à donner à ce travail et plus généralement à qualité de vie au travail que nous souhaitons.
C’est ainsi que des collaborateurs s’interrogent sur l’utilité de leur travail, au regard des métiers dits essentiels dont nous avons soudainement redécouvert l’immense utilité. Des collaborateurs mis rapidement au chômage partiel par exemple se sont interrogés sur l’importance de leur métier. Bien sûr, la crise sanitaire a été un moment exceptionnel, une parenthèse dans notre vie professionnelle pour le plus grand nombre d’entre nous, mais ce sentiment d’inutilité de leur travail a plongé des collaborateurs dans une détresse psychologique dont ils ont encore du mal à s’extraire aujourd’hui. Elle a fait émerger des questionnements sur le sens que nous attribuons au travail, parfois sur l’incohérence entre le travail demandé et les valeurs du collaborateur, ses attentes.
La question du sens au travail est devenue un enjeu important en termes d’engagement, de motivation de beaucoup de collaborateurs. Depuis le début de la crise, on ne compte plus les reconversions engagées ou en projet. Selon une étude du centre INFFO, 47% des actifs seraient en train de se reconvertir ou l’envisagent dans les prochains mois. Des reconversions professionnelles motivées d’abord et avant tout par une « volonté de se rapprocher de ses valeurs personnelles », toujours selon le Centre INFFO
La question du sens au travail : un sujet pour les managers et les ressources humaines
Comme on le voit, cette quête de sens est devenue un sujet prédominant de l’épanouissement personnel et professionnel. La pandémie a bousculé nos priorités, a interrogé la place que nous accordons à notre vie personnelle et à notre vie professionnelle. Mais cette question du sens au travail est devenue également un enjeu pour les entreprises en termes de recrutements, d’investissement, de cohésion d’équipe et de performance. Les managers et les ressources humaines ont tout intérêt de s’approprier cette question en s’assurant que leurs collaborateurs voient bien l’utilité de leur travail et qu’ils ne sont pas exposés à des conflits de valeurs.
Car la question du sens au travail, même si elle renvoie à une interprétation personnelle est souvent le résultat d’un désamour ou d’une déception du travail. Donner du sens à son travail suppose de comprendre ce que les collaborateurs attendent du travail, plus précisément de ce qu’ils investissent dans l’acte de travailler.
Pendant la crise sanitaire, la mise en place du télétravail a ouvert les portes à une vie moins stressante en quittant les grandes métropoles, en se recentrant sur le cercle familial. Les confinements successifs ont, quant à eux, ouvert un champ de possibles non explorés auparavant, par manque de temps devant la frénésie du travail. Ce temps suspendu pendant les confinements a fait émerger des remises en cause, des questionnements notamment chez les cadres sur leur rythme de travail et sur leurs ambitions, sur leurs attentes vis-à-vis de leur travail. Certes nous travaillons, pour la plupart d’entre nous, pour obtenir une reconnaissance financière. Mais il est admis depuis longtemps que cette reconnaissance n’est pas suffisante pour être bien au travail, et bien faire son travail. Se sentir utile, effectuer un travail de qualité, être reconnu, écouté et remercié, avoir plus d’autonomie dans son travail, pouvoir participer aux décisions de l’entreprise sont des attentes fortes des collaborateurs. Que « mon travail fasse sens », tel est le crédo de la majorité des collaborateurs interrogés.
La crise sanitaire, en balayant nos repères temporels et toutes nos certitudes a fait prendre conscience à chacun de sa fragilité. Dans le monde du travail, elle a révélé la nécessité d’avoir un meilleur équilibre de vie entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle, d’avoir du temps pour entreprendre d’autres activités, d’avoir une vie plus douce. Elle a surtout modifié en profondeur notre rapport à l’entreprise. Le travail participe à la construction de notre identité. Si nous ne trouvons plus de sens au travail, cette identité peut s’écrouler. C’est pour cette raison que le travail joue un rôle important dans la construction et la préservation de notre santé psychique. Le travail doit être, certes motivant mais il doit aussi nous permette de déployer notre créativité, favoriser la coopération, respecter nos valeurs, nous permettre de contribuer à quelque chose de plus grand que soi. En deux mots, réenchanter la vie au travail. Le sens au travail ne se décrète pas car il est intimement lié à notre histoire singulière, par l’engagement subjectif dans notre activité, par la valeur que nous portons à notre travail. Or, pour de plus en plus de collaborateurs, leur travail n’a que peu de valeur.
Comment faire pour redonner du sens au travail ?
Les entreprises ont tout intérêt à se saisir de cette question du sens au travail en donnant plus d’autonomie aux collaborateurs par exemple, en permettant à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice commun, en mettant en place des espaces de paroles pour que chacun puisse s’exprimer sur son travail, afin de pouvoir donner du sens aux missions confiées.
Ces espaces d’élaboration favorisent le sens au travail dans la mesure où ils permettent la libération de la créativité. Débattre de ce qui fait qu’un travail est « bien fait » pour un collaborateur lui permet de redonner du sens à son travail. Échanger, défendre son travail, sa vision du travail participe également à maintenir le collectif de travail. Redonner du sens au travail passe aussi par la transparence, par l’association des collaborateurs aux projets de l’entreprise afin que chacun comprenne la valeur ajoutée de son travail. Retrouver le gout du « faire équipe » où chacun peut donner son avis avec l’assurance que celui-ci sera pris en considération.
Communiquer, associer les collaborateurs aux décisions, reconnaitre les efforts, valoriser les compétences, autoriser les expérimentations, faire confiance sont autant de mesures à mettre en œuvre afin de contribuer à redonner un sens au travail aux collaborateurs.
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Quels bénéfices de la prise en compte du sens au travail ?
Nombre de collaborateurs expriment le souhait de vouloir réconcilier sens et travail, de « donner du sens à leur vie professionnelle », de pouvoir concilier sens au travail et valeurs qui les animent. Lorsqu’un collaborateur se voit contraint de choisir dans ses tâches des valeurs qui ne correspondent pas à ce qu’il voudrait ou aimerait faire, le travail peut alors perdre de son sens. C’est l’hôtesse de vente qui s’interroge sur son métier quand elle doit vendre uniquement en « click and collect », « je n’ai pas choisi ce métier pour travailler de cette manière, moi ce sont les contacts avec les clients qui me plaisent » dira-t-elle.
Pour que le travail ait un sens il doit procurer de la satisfaction à celui qui le réalise. Maintes fois démontrées, si un collaborateur a une activité qui a du sens, qui fait sens pour lui, son efficacité est renforcée. Il est plus motivé. Les gains en termes de productivité sont aussi au rendez-vous.
Pour que le travail ait un sens, il faut qu’il soit perçu comme utile par celui qui le réalise, qu’il en constate la finalité. Trop de collaborateurs ne connaissent pas la finalité de leur travail, tellement celui-ci peut être morcelé. Pour que le travail ait un sens, il faut qu’il ne mette pas trop à mal les valeurs portées par le collaborateur. Pour que le travail ait du sens, il faut qu’il offre la possibilité au collaborateur, de développer ses compétences, mais aussi de se développer, de s’épanouir.