Le télétravail : vraie ou fausse bonne idée ?

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Par Amandine LECOMTE, consultante en droit social

La France, ce pays d’exception ou l’exception à la française ! Alors que le télétravail séduit de plus en plus de pays industrialisés, la France compte seulement 7% de télétravailleurs. Comment expliquer ce faible résultat ?

Problème de législation ? Pas vraiment, plutôt un problème de culture. Le télétravail se définit comme « une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les techniques de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière. »

L’ANI du 19 juillet 2005 nous vante les mérites du télétravail avant-même de nous en expliquer l’organisation. Selon les partenaires sociaux, le télétravail constitue un moyen pour les entreprises de moderniser l’organisation du travail et un moyen pour les salariés de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Il permet aussi de tirer un meilleur parti du développement des technologies de l’information et de la communication en alliant souplesse et sécurité de sorte à accroître la qualité des emplois.

Enfin, le télétravail peut constituer un facteur de développement économique et une opportunité de développement du territoire en luttant contre la désertification de certains territoires.

Voici tout ce que l’on peut lire lorsqu’on lit le préambule de l’ANI du 19 juillet 2005. Le télétravail n’aurait que des vertus ! Quel monde idyllique où le salarié concilie vie professionnelle et vie personnelle avec la bénédiction de son employeur.

Imaginons le bonheur de la jeune mère qui peut allaiter paisiblement son enfant entre deux conférences téléphoniques ou le bonheur de ce salarié faisant ses courses en milieu d’après midi pour éviter les heures de pointe avec les files interminables en caisse.

Mais l’intérêt du télétravail transcende le simple intérêt personnel, il s’agit d’une opportunité de développement du territoire. Dès lors cela devrait être une cause nationale et pas seulement un Accord National Interprofessionnel datant de 2005 et n’ayant subi aucune modification en cinq ans.

Pourquoi si peu d’engouement pour ce mode de travail ? Ses avantages sont pourtant loin d’être négligeables pour l’employeur. En voici plusieurs exemples afin de convaincre les plus septiques.

En premier lieu, plus de fatigue. Le salarié n’utilise aucun mode de transport (si ce n’est ses pieds), il n’est donc pas obligé de se lever tôt pour prendre son train ou sa voiture. Un salarié reposé est un salarié performant. Il évite ainsi les bouchons, les grèves …

Il n’est tributaire que de lui-même. Jamais une absence à cause d’une grève ou d’une voiture en panne, jamais un retard à cause de la météo, jamais une excuse bidon du salarié qui n’a pas eu le courage de se lever. En travaillant à domicile, le salarié est nettement plus disponible pendant ses horaires de travail.

Autre avantage, le salarié n’a pas de collègues de bureau avec lesquels discuter c’est-à-dire pas de bavardages intempestifs nuisibles à la productivité.

Le télétravail c’est aussi des locaux moins grands donc une vraie économie immobilière et mobilière.

Le télétravail c’est encore un vivier plus large de talents et compétences : peu importe le domicile de la personne, si elle correspond au poste, il est possible de l’embaucher car elle n’aura pas de trajet (et pas de remboursement afférent).

A n’en pas douter, le télétravail représente un véritable atout pour l’entreprise consciente de l’opportunité qui s’offre à elle. Alors pourquoi refuser de saisir une telle opportunité ?

Plusieurs explications existent. L’une d’entre elles m’a été fournie de manière anodine par un ami. Me sachant une grande adepte du télétravail, il m’appelle régulièrement pour le dépanner : un colis à aller chercher à la poste, un enfant à garder cinq minutes… avec toujours la même phrase qui précède la demande : « tu travailles aujourd’hui ou demain… ou pas ? »

Et bien oui je travaille, mais en télétravail ! Et dans la conscience commune, lorsqu’on travaille, on se lève, on prend les transports et on va dans un bureau ou une usine, on ne reste pas chez soi.

Les partenaires sociaux indiquent dans l’ANI que le télétravail permet aux salariés de bénéficier d’une plus grande autonomie dans l’accomplissement de leurs tâches.

Et, c’est là que le bât blesse. L’autonomie fait peur car le salarié va forcément en abuser. Dans notre désir de tout contrôler et de tout savoir, le salarié travaillant à domicile échappe à la surveillance de son employeur, il échappe à son entier contrôle et pour beaucoup ce n’est pas acceptable.

Aussi il vaut mieux que le salarié ne travaille pas mais soit présent à son poste, qu’un salarié qui travaille mais qu’on ne peut pas surveiller. Le télétravail repose sur la confiance réciproque entre l’employeur et le salarié. Dans un monde du travail ancré sur la défiance, le score français de 7% s’explique totalement. Pourtant, l’employeur qui part du postulat qu’il peut faire confiance à son salarié et décide de mettre en place le télétravail en verra rapidement les nombreuses qualités.

Il y aura bien entendu quelques règles à respecter lors de la mise en place, certainement quelques ajustements au fil du temps mais les bénéfices réalisés économiques et humains ne valent-ils pas le courage de tenter l’aventure ?

Si l’aventure vous tente, nous vous proposons de vous accompagner dans la mise en place du télétravail à travers une formation sur-mesure inédite :  

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