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En tout premier lieu, il convient de savoir à qui la protection du client s’adresse. Dans les faits, cela concerne une personne (physique ou morale) non avertie (consommateur ou non-professionnel) qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole. A l’inverse du professionnel, personne physique ou morale, publique ou privée qui agit à des fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole, y compris lorsqu’elle agit au nom ou pour le compte d’un autre professionnel (Code de la consommation, partie législative, liminaire).
Protection de la clientèle en banque et assurance : de quoi parle t-on et et qui doit s’assurer de sa mise en œuvre ?
La définition de la protection de la clientèle en banque et assurance
L’ACPR précise qu’en matière de banque et d’assurance, « le client a souvent nettement moins de connaissances que le professionnel : on parle « d’asymétrie d’information » entre l’un et l’autre. Le client n’est donc pas toujours en mesure d’évaluer correctement les avantages, inconvénients et risques d’un produit. Ceci peut aboutir à des dérives commerciales, au détriment des clients. » C’est l’objet des règles de protection de la clientèle et le devoir de chaque professionnel de réduire cette asymétrie d’information afin que chaque client puisse se voir proposer des produits adaptés à ses besoins et à ses attentes et qu’il puisse prendre sa décision d’achat ou de souscription de façon la plus précise et objective possible. Ceci est déterminant pour renforcer la confiance des clients dans les domaines bancaires et assurantiels.
Qui est en charge dans le domaine financier de veiller aux intérêts des clients ?
Ce rôle est dévolu réglementairement à l’ACPR ; ainsi l’article L.612-1 du Code monétaire et financier donne à l’ACPR la mission de veiller :
- à « la préservation de la stabilité du système financier et à la protection des clients, assurés, adhérents et bénéficiaires des personnes soumises à son contrôle »,
- au respect par les assujettis à son contrôle « des règles destinées à assurer la protection de la clientèle »,
- Et à « l’adéquation des moyens et procédures qu’elles mettent en œuvre à cet effet.»
(Source : site de l’ACPR)
Concrètement, la mission de l’ACPR en matière de protection de la clientèle est de promouvoir auprès des professionnels des comportements et des pratiques commerciales loyales, prenant en compte les intérêts des clients, limitant les risques pour ceux-ci et prévenant les risques de conflits d’intérêts au préjudice des clients. Ainsi, les assujettis à son contrôle (banques et assurances) ont l’obligation de transmettre à l’ACPR un questionnaire sur la protection de la clientèle et sur les pratiques commerciales[1]. De plus, l’ACPR est susceptible de contrôler sur place dans les établissements assujettis la mise en œuvre des pratiques relatives à la protection de la clientèle.
Protection de la clientèle en banque et assurance : quelques sanctions récentes
Tableau des sanctions récentes de l’ACPR en matière de protection de la clientèle
Nom et date |
Objet de la sanction |
Sanction |
SGP 26/02/2018
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Blâme et sanction pécuniaire de 150 000 € |
LA BANQUE POSTALE 18/05/2017 |
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Blâme et sanction pécuniaire de 5 millions d’euros |
ASSURANCES DU CREDIT MUTUEL NORD VIE 7/02/2017 |
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Blâme et sanction pécuniaire de 3 millions d’euros |
SANTIANE.FR 22/12/2016 |
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Avertissement et sanction pécuniaire de 100 000 € |
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 19/05/2016 |
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Blâme et sanction pécuniaire de 800 000 € |
VAILLANCE COURTAGE 20/07/2015 |
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Blâme et sanction pécuniaire de 20 000 € |
GROUPAMA GAN VIE 25/06/2015 |
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Blâme et sanction pécuniaire de 3 millions d’euros |
Enfin, nous pouvons citer également dans le domaine des services d’investissement, l’AMF (Autorité des marchés financiers) qui est en charge de surveiller la bonne application des règles de protection de la clientèle. Cette entité de par sa mission première veille d’une manière générale à la protection de l’épargne, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés financiers. A titre d’exemple, en 2019, la commission des sanctions de l’AMF a sanctionné un CIF[2] (Conseil en investissement) en matière de non-respect de règles de protection de la clientèle.
Tour d’horizon réglementaire dans le domaine bancaire et assurantiel en matière de protection de la clientèle
Depuis de très nombreuses années, la protection de la clientèle a été une préoccupation constante des autorités de régulation. Ainsi en témoignent, les textes réglementaires récents dans le domaine financier. Le tableau ci-dessous en recense les principales composantes.
Il en ressort, en corollaire, une volonté constante de réduire au maximum l’asymétrie d’information déjà citée entre le professionnel et le client.
Nom |
Principaux objectifs |
Mise en œuvre opérationnelle |
Directive Distribution Assurance transposée en France par l’ordonnance 2018-631 Application :
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MIFID directive européenne 2014/65/UE transposée en France par l’ordonnance n° 2016-827 Application : |
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PRIIPS Règlement (UE) No 1260/2014 Application : |
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Le DIC ou KID est un document de 3 pages format A4 dans lequel ont été intégrées des obligations informatives telles que notamment : |
« loi SAPIN II » Application : |
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Mettre en place au sein des entreprises assujetties à cette loi, un plan anti-corruption qui s’articule autour de 8 piliers : |
RGPD (ou GDPR) Règlement (UE) n° 2016/679, Application : |
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1/ Désigner un Délégué à la protection des données (DPO en anglais), responsable (pilote) de la mise en œuvre du dispositif |
MAD / MAR Directive et Règlement Abus de marché Règlement (UE) n° 596/2014 Application : |
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1/ Mettre en place des mesures de prévention interne et externe (procédure…)
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PSD2 Application : |
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1/ Rendre accessible de manière sécurisée et en temps réel – API (Application programming interface)-, avec autorisation du client, les informations des comptes à des tiers tels que par exemple des prestataires de paiement mobile, des agrégateurs de comptes… |
Loi pour la Justice pour le 21è siècle : Surendettement des Particuliers Application : |
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1/ Réserver la « phase amiable » aux dossiers dans lesquels le débiteur est propriétaire d’un bien immobilier |
La protection de la clientèle, gage de fidélisation
Pourquoi mettre la protection de ses clients au cœur de son dispositif commercial ?
Comme, nous l’avons déjà évoqué, la vente de produits et/ou de services financiers inadaptés à la situation financière d’un client peut induire des conséquences très dommageables à la fois pour le client (perte financière lourde, surendettement…) mais aussi pour l’entreprise (risque d’image…). A titre d’exemple (cf. tableau supra), nous pouvons évoquer le cas des assureurs Allianz, CNP, Cardif et Groupama, sanctionnés par l’ACPR sur l’absence de recherche de bénéficiaires de contrats « en déshérence » (assurance vie, prévoyance, épargne retraite…).
Aussi, chaque professionnel se doit de mettre en place une véritable démarche qualité, tournée vers la satisfaction client. La prise en compte des besoins du client, son accompagnement (financier, juridique, social…) tout au long de la relation d’affaires deviennent des atouts majeurs dans la relation commerciale. L’objectif à rechercher à l’instar de toute entreprise commerciale est de gagner la confiance du client et surtout de la garder et la maintenir tout au long de la relation.
Protection de la clientèle : quels moyens mettre en place en interne ?
Différents moyens de maîtrise peuvent être mis en place. Ainsi, nous pouvons citer :
- la formation des collaborateurs du Front-Office (managers et commerciaux) mais aussi ceux du Back-Office, permettant de renforcer leur implication dans la consolidation de l’image de l’entreprise et de développer la culture client,
- la sensibilisation régulière des acteurs en relation avec les clients au travers d’une veille réglementaire,
- le partage des retours d’expérience,
- le suivi et l’analyse des réclamations : identifier les causes, apporter les solutions idoines et mettre en place des actions correctrices,
- un dispositif de contrôle interne et de maitrise des risques efficace au travers de contrôles permanents et périodiques avec des plans d’action de remédiation adaptés aux situations.
Les principales clés de la fidélisation client
A titre d’exemple, le CMF précise qu’en matière de démarchage, les règles de la déontologie professionnelle impliquent que le démarcheur effectue une découverte adéquate du client, permettant de lui proposer des produits adaptés tant à sa faculté de les comprendre qu’à la finalité de son projet. Le démarcheur doit communiquer à la personne démarchée toutes les informations claires et compréhensibles nécessaires pour prendre sa décision.
Il s’agit notamment :
- de l’identification écrite de la personne morale qui propose le produit ou service et du démarcheur lui-même ;
- des caractéristiques écrites du produit ou service (notice ou prospectus) ;
- des risques liés aux produits conseillés
- du dispositif contractuel, prix, délais, droit de rétractation ou de réflexion
En conclusion, une démarche proactive de protection des clients n’est pas antinomique avec une démarche commerciale, tout au contraire. Elle est à placer au centre de la démarche qualité et ce dans un souci de fidélisation. Ainsi, que ce soit le Lean management et/ou l’implémentation d’un management via des outils de Six Sigma, la démarche de primauté des intérêts de ses clients constitue un élément fort de la chaine de valeur de l’entreprise. Aujourd’hui dans un contexte de taux bas, particulièrement dans le secteur bancaire, fidéliser ses clients constitue un objectif majeur pour renforcer son PNB (Produit net bancaire). Aussi, chaque collaborateur (du top management aux opérationnels) doit être investi de cette mission.
[1] Ce questionnaire est destiné à recueillir outre des données statistiques sur l’activité du remettant, des informations relatives aux pratiques commerciales et aux moyens dédiés et enfin des informations relatives au dispositif de contrôle interne.
[2] Décision de la Commission des sanctions du 24 janvier 2019 à l’égard de la société Novactifs Patrimoine et de M. Thierry Marchand : sanction pécuniaire de 250 000 € pour la société Novactifs Patrimoine et sanction pécuniaire individuelle de 100 000 €.
Jean-Lou Galissi Jean Lou GALISSI a passé 38 ans dans le secteur bancaire dont plus de 15 ans dans le domaine du contrôle interne et de l’audit auprès du superviseur national. Il a été chef de projet de la réforme sur le management à la Banque de France. Aujourd’hui, Jean Lou GALISSI dédie son temps à accompagner les structures (Assurances et Banques) dans leur démarche de mise en conformité réglementaire ainsi qu’à former les collaborateurs et dirigeants de ces structures. |
J’ai trouvé le poste intéressant
Très interessant