La révocation d’un praticien hospitalier en raison de difficultés relationnelles récurrentes avec ses collègues et d’incidents graves affectant la continuité des soins !

La révocation d’un praticien hospitalier est une mesure rare, mais possible lorsque des fautes graves compromettent le bon fonctionnement du service et la sécurité des soins. L’arrêt rendu par la Cour administrative d’appel de Versailles le 11 février 2025 en témoigne : un médecin du centre hospitalier René Dubos de Pontoise a été révoqué en raison de conflits persistants avec ses collègues et d’incidents affectant la continuité des soins. Son comportement agressif, son mépris des règles internes et ses prises de décision isolées ont justifié cette sanction, confirmée par la justice administrative. Cet arrêt illustre que, face à des dysfonctionnements internes majeurs, l’institution hospitalière dispose bel et bien de moyens d’action pour préserver l’intérêt collectif et la qualité des soins.

Fonction Publique : La révocation d’un praticien hospitalier en raison de difficultés relationnelles récurrentes avec ses collègues et d’incidents graves affectant la continuité des soins !
Un praticien hospitalier révoqué pour comportement conflictuel et atteinte à la continuité des soins.

Un comportement conflictuel et agressif

Les faits reprochés à M. D. re­lèvent notamment de son com­portement envers ses collègues. Il a tenu des propos insultants et dégradants, en particulier en­vers une cadre du pôle mère-en­fant qu’il a publiquement criti­quée et menacée, ainsi qu’une cheffe de service qu’il a insultée et intimidée physiquement lors d’une altercation survenue en octobre 2016. Plusieurs témoi­gnages ont également fait état de remarques méprisantes et d’un climat de tension généralisé avec le personnel médical et soignant, rendant la collaboration difficile au sein des équipes.

Un dénigrement des compétences de ses confrères et du personnel hospitalier

M. D. a régulièrement exprimé des critiques virulentes à l’égard de ses collègues, allant jusqu’à qualifier certains chefs de service d’« incompétents » et dénonçant une « idiocratie généralisée » dans des courriels et propos publics. Il a aussi ouvertement critiqué des personnels soignants devant des patients, générant des plaintes de parents auprès de la direction hospitalière, ce qui a contribué à détériorer la confiance entre les patients et les équipes médicales.

Un non-respect des règles de fonctionnement du service et de la continuité des soins

Le non-respect des règles in­ternes et des exigences de la continuité des soins fait également partie des manquements reprochés à M. D. Il refusait d’as­sister aux réunions d’équipe es­sentielles à la coordination des soins et prenait des décisions médicales de manière isolée, en contradiction avec les pratiques établies par l’équipe. Il modifiait des prescriptions établies par d’autres médecins sans concer­tation préalable, créant ainsi des situations de confusion et d’in­quiétude chez les familles des patients. Certains parents ont d’ailleurs exprimé leur incompré­hension face aux choix thérapeu­tiques non expliqués de M. D.

Un rapport interne de 2016 a mis en évidence plusieurs incidents où son comportement a mis en péril la sécurité des nouveau-nés en raison d’un manque de coor­dination avec les équipes médi­cales, renforçant ainsi les motifs de la sanction prise à son en­contre.

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Qualification juridique des faits et décision disciplinaire

La cour administrative, saisie du litige, rappelle que l’autorité disci­plinaire doit prouver l’exactitude matérielle des faits reprochés et apprécier si ces faits constituent des fautes justifiant une sanc­tion proportionnée. En l’espèce, elle retient que M. D. a méconnu ses obligations déontologiques, notamment ses devoirs envers les patients et ses collègues. Son comportement a compromis la continuité des soins par des prises de décisions isolées et un refus d’intégration au sein de l’équipe. De plus, son attitude agressive et injurieuse, documentée par de nombreux témoignages et rap­ports internes, a contribué à un climat délétère affectant la qua­lité des soins et l’organisation du service.

Face à ces éléments, la sanction disciplinaire prise à l’encontre de M. D. a été jugée justifiée et pro­portionnée à la gravité des faits établis.

La cour relève que les faits re­prochés présentent une gravité certaine, qu’ils se sont étalés sur plusieurs années et que M. D. avait déjà fait l’objet d’un blâme en 2013 pour des faits similaires. Elle souligne que malgré cette sanction antérieure et son chan­gement de service en 2011 pour éviter les tensions, M. D. a conti­nué à adopter un comportement inapproprié. De plus, il n’exprime pas de réelle prise de conscience des conséquences de ses actes sur la sécurité des soins.

Ainsi, la cour considère que la sanction de révocation est néces­saire, adaptée et proportionnée aux fautes commises et rejette la demande de M. D. visant à l’an­nuler ou à la réduire.

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