
« Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés », entend-on souvent. Les RH, ces experts du développement des compétences pour les autres, seraient-ils les derniers à penser à leur propre montée en compétences ? Les chiffres révèlent une réalité plus nuancée : si 55% des professionnels RH ont suivi une formation en 2024, c’est encore près de la moitié d’entre eux qui restent en marge des dispositifs de formation. Mais cela reste plus que pour l’ensemble des actifs. Selon les derniers chiffres de l’INSEE, 41% seulement des salariés ont eu accès à une formation via des cours ou stages organisés par leur employeurs, soit 14 points de moins que les RH.
À l’heure où la fonction RH est au cœur des transformations de l’entreprise – qu’il s’agisse de transparence salariale, de santé mentale au travail ou de transformation digitale – comment les RH eux-mêmes s’outillent-ils pour relever ces défis ? Quels sont les domaines prioritaires de formation et les modalités privilégiées ? C’est ce que nous vous proposons d’explorer dans cet article.
État des lieux de la formation des professionnels RH en 2025
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, 55% des professionnels RH ont suivi au moins une formation, contre 52% l’année précédente. Une légère progression, certes, mais qui démontre une prise de conscience croissante de l’importance du développement des compétences dans un métier en pleine mutation, malgré le manque récurrent de temps. Néanmoins, ce chiffre signifie aussi que 45% des RH n’ont pas eu cette opportunité, révélant un paradoxe saisissant pour des professionnels censés être les premiers ambassadeurs de la formation en entreprise.
Mais derrière cette statistique se cachent des disparités qui méritent notre attention.
Les femmes, majoritaires dans la profession, semblent plus proactives dans leur démarche de développement professionnel avec un taux d’accès à la formation de 56% (en hausse par rapport aux 52% de 2023).
À l’inverse, les hommes voient leur taux chuter à 47%, un recul significatif comparé aux 60% enregistrés l’année précédente. Une inversion de tendance qui interroge et pourrait refléter des priorités ou des contraintes différentes selon le genre.
La taille de l’entreprise joue également un rôle déterminant dans l’accès à la formation. Contre toute attente, les très petites structures (1 salarié) affichent un taux impressionnant de 60% d’accès à la formation, tandis que les entreprises de 2 à 50 salariés peinent à atteindre 48%. Les grandes organisations (plus de 200 salariés) se distinguent avec 63% de RH formés, bénéficiant probablement de budgets plus conséquents et d’une culture de la formation plus ancrée.
Ces écarts dessinent une réalité contrastée où la formation n’est pas encore une évidence partagée par tous les acteurs du secteur.
Pourquoi les RH doivent se former en 2025 : les enjeux majeurs
Face aux transformations profondes que connaît le monde du travail, la formation des professionnels RH n’est plus une option mais une nécessité. Notre baromètre annuel révèle que 46% des RH placent la maîtrise des outils technologiques en tête de leurs priorités pour affronter les défis de 2025. Ce besoin est particulièrement prégnant dans le secteur public (54%) et chez les plus de 50 ans (58%), témoignant d’une volonté de combler le fossé numérique qui pourrait compromettre leur efficacité.
L’intelligence artificielle bouleverse déjà de nombreux aspects des ressources humaines. Des algorithmes de recrutement aux chatbots pour la gestion des requêtes des employés, l’IA permet d’automatiser les tâches répétitives et d’optimiser les processus RH. Pour les professionnels du secteur, se former à ces technologies n’est pas seulement une question d’acquisition de compétences, c’est aussi un moyen de se doter d’un avantage concurrentiel décisif.
L’agilité organisationnelle, citée par 45% des répondants, s’impose comme une compétence incontournable, particulièrement dans un contexte d’incertitude économique et de transformation rapide des cultures managériales. Elle implique une capacité à repenser les modes d’organisation, à faciliter le changement et à accompagner les collaborateurs dans des transitions parfois délicates. Cette agilité n’est pas innée : elle s’acquiert, se développe et s’entretient par une formation continue et adaptée.
La gestion des conflits connaît une hausse notable, atteignant 41% des préoccupations, notamment dans le secteur privé (43%). Cette compétence, longtemps considérée comme secondaire, devient incontournable dans un environnement de travail où les tensions se multiplient, exacerbées par les transformations organisationnelles, les nouvelles formes de travail hybrides et les attentes croissantes des collaborateurs en matière de qualité de vie au travail.
Comment les RH se forment en 2025 ? de nombreuses modalités possibles !
En matière de formation, les professionnels RH ne manquent pas d’options en 2025. À l’image d’un menu à la carte, ils peuvent désormais composer leur parcours de développement professionnel en piochant dans une diversité de formats adaptés à leurs contraintes et à leurs préférences d’apprentissage.
La formation en ligne continue sa progression, offrant flexibilité et accessibilité. Les plateformes de e-learning se sont considérablement sophistiquées, proposant des parcours personnalisés, des micro-apprentissages et des formations à la demande qui s’intègrent parfaitement dans un emploi du temps chargé.
Pour les RH souvent pris entre de multiples priorités, la possibilité d’apprendre à son rythme, où qu’on soit, devient un atout majeur. Cependant, bien que 55% des professionnels RH aient suivi une formation en 2024, près de la moitié d’entre eux restent encore en marge des dispositifs de formation, ce qui souligne l’importance de proposer des modalités d’apprentissage flexibles et adaptées.
Les formations pratiques gagnent également du terrain. Loin des présentations théoriques, ces formats immersifs placent le participant au cœur de situations concrètes à résoudre. Ateliers, simulations, études de cas réels… Ces approches permettent non seulement d’acquérir des connaissances, mais surtout de les mettre immédiatement en pratique. Saint-Gobain, par exemple, l’a bien compris, avec son programme #jeprendssoindemoi, qui propose des ateliers concrets animés par de véritables professionnels, aussi bien en présentiel qu’en distanciel.
Les séminaires et conférences spécialisés conservent leur pertinence, offrant aux professionnels RH des occasions précieuses de networking et d’échange de bonnes pratiques. Ces événements, souvent concentrés sur une journée ou deux, permettent de prendre de la hauteur, de s’inspirer et de confronter ses idées à celles de ses pairs. Dans un métier où l’innovation est constante, ces temps d’échange deviennent des respirations nécessaires pour ne pas s’enfermer dans ses propres certitudes.
La formation RH en inter est également plébiscitée : elle permet de se confronter aux bonnes pratiques et aux regards d’autres professionnels RH, issus d’autres secteurs.
Enfin, l’auto-formation, même si elle a ses limites, s’impose comme une modalité complémentaire incontournable. Veille informationnelle, abonnements à des revues spécialisées, participation à des communautés en ligne, lectures RH.. Autant de pratiques qui permettent aux RH de rester à jour sans attendre les sessions de formation formelles. Les réseaux sociaux professionnels jouent ici un rôle clé, transformant chaque consultation en micro-moment d’apprentissage. Cette démarche proactive traduit une prise de conscience : dans un monde qui évolue à vitesse grand V, l’apprentissage ne peut plus être cantonné à des moments dédiés, mais doit s’intégrer au quotidien. Attention cependant à veiller à maintenir une frontière claire entre vie professionnelle et vie privée !
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Focus sur les domaines de formation prioritaires en 2025
En 2025, certains domaines de formation s’imposent comme des incontournables pour les professionnels RH qui souhaitent rester en phase avec les évolutions du marché et les attentes des organisations. Véritable boussole dans un environnement qui bouge vite, ces domaines prioritaires dessinent la carte des compétences essentielles pour les RH de demain.
En tête de liste, les nouvelles technologies et l’IA s’affirment comme le premier champ d’expertise à maîtriser pour 46% des professionnels RH.
La révolution numérique est bien en marche, et l’arrivée massive des outils d’intelligence artificielle transforme en profondeur le paysage des ressources humaines. Pour un RH, se former à ces technologies n’est pas simplement une question de modernité, c’est une nécessité stratégique pour maintenir sa pertinence dans un métier en pleine transformation.
Les compétences vertes ou « green skills » s’imposent également comme un domaine de formation essentiel. Pour les RH, comprendre les enjeux environnementaux et RSE permet d’identifier les compétences dont l’organisation aura besoin pour sa transition écologique, de repérer les talents lors des recrutements et de sensibiliser l’ensemble des collaborateurs. Lorsque l’une des missions des RH est d’encourager des pratiques écoresponsables et de mettre en place des politiques internes favorisant la durabilité, mieux vaut savoir précisément de quoi on parle !
La diversité et l’inclusion constituent un autre pilier fondamental de la formation des RH en 2025. Au-delà d’en saisir les enjeux, se former en DEI offre des clés pour mettre en place des pratiques inclusives concrètes : comment valoriser les process de recrutement pour les rendre plus équitables ? Comment se défaire de ses biais inconscients pour mieux sélectionner les talents ? Comment sensibiliser toute une organisation à la diversité ? Ces compétences deviennent d’autant plus incountournables avec l’entrée en vigueur de la directive européenne sur la transparence des rémunérations, qui imposera une vigilance accrue sur les écarts salariaux entre hommes et femmes.
Enfin, la communication RH et le marketing de la formation s’affirment comme un domaine de formation en plein essor. Face aux problèmes de désengagement des apprenants, les RH doivent désormais maîtriser les techniques de marketing pour valoriser leurs offres de formation interne. Il s’agit de comprendre les besoins spécifiques des salariés, de captiver leur attention et de leur donner envie de se former à travers des campagnes de communication engageantes. La progression à 40% de la communication dans les compétences prioritaires témoigne de cette prise de conscience : aujourd’hui, il ne suffit plus de proposer des formations pertinentes, encore faut-il savoir les « vendre » en interne pour maximiser l’engagement des collaborateurs.
Bref : en 2025, la formation des professionnels RH n’est plus une option mais un impératif stratégique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si 55% des RH ont suivi une formation en 2024, près de la moitié reste encore à l’écart de cette dynamique essentielle. Pourtant, face aux défis technologiques, environnementaux et organisationnels qui transforment radicalement le monde du travail, la montée en compétences des équipes RH est plus que jamais incontournable.
La diversité des modalités de formation disponibles – du e-learning aux formations en inter, en passant par l’auto-formation – offre désormais à chaque professionnel la possibilité de trouver le format qui lui correspond. Dans le même temps, les domaines prioritaires se dessinent clairement : maîtrise des outils technologiques et de l’IA, compétences vertes, diversité et inclusion, communication et marketing de la formation.
L’avenir appartient aux professionnels RH qui sauront se réinventer continuellement, non pas en dépit de leur mission d’accompagnement des autres, mais précisément pour être à la hauteur de celle-ci. Car après tout, comment inspirer les collaborateurs à développer leurs compétences si l’on ne montre pas soi-même l’exemple ? En 2025, les RH ne sont plus les cordonniers mal chaussés mais bien les architectes d’une culture d’apprentissage continu, pour eux-mêmes et pour l’ensemble de l’organisation.