Comment soutenir la santé mentale des salariés dans un contexte économique tendu ?

La situation économique actuelle est très déroutante, avec inflation et budgets contraints au programme. Chez les professionnels RH que nous avons interrogés dans le cadre de notre enquête annuelle « Professionnels RH : comment allez-vous ? », l’incertitude domine chez 58 % d’entre eux.

Ces turbulences peuvent affecter directement la santé mentale des salariés. Stress, anxiété et épuisement professionnel sont déjà au cœur des préoccupations au travail, mais ces soucis empirent dans un contexte économique incertain. Les répercussions sont nombreuses : baisse de productivité, plus d’absences et un moral en berne dans les équipes.

Comment soutenir la santé mentale des salariés dans un contexte économique tendu ?
Dans un contexte économique incertain, préserver la santé mentale des salariés est essentiel pour allier bien-être et performance au travail.

A l’heure où la santé mentale est la grande cause nationale de 2025, des solutions existent. Avec des stratégies adaptées, les employeurs peuvent limiter ces effets négatifs et maintenir l’engagement de leurs équipes. Cet article présente des méthodes concrètes pour soutenir le moral des employés durant ces périodes compliquées tout en faisant la promotion d’un environnement favorable au bien-être au travail.  

Comprendre les impacts de l’incertitude économique sur la santé mentale 

L’incertitude économique affecte bien plus que les finances de l’entreprise : elle change aussi la vie des employés. La peur de perdre son emploi ou une augmentation des responsabilités mal organisée créent un cercle vicieux. À court terme, cela se concrétise par de la fatigue au travail : manque d’énergie, démotivation, irritabilité deviennent monnaie courante dans le quotidien des organisations.

L’enquête People At Work 2024 révèle que plus de 6 actifs français sur 10 (61 %) se sentent stressés au moins une fois par semaine. 19 % d’entre eux subissent même un stress au quotidien. Soit une hausse de 2 points par rapport à 2023. Et ce chiffre devrait continuer d’augmenter en 2025, la faute à un environnement économique compliqué pour la majorité des entreprises. Comme le souligne ce responsable RH que nous avons interrogé dans le cadre de notre enquête annuelle : “ Un des vrais problèmes actuels est la charge de travail pour tous et à tous les niveaux. Le manque d’argent, l’impossibilité d’embaucher. Bref, le salarié doit toujours donner plus mais les retours positifs ne sont que très rarement au rendez-vous. »

À long terme, ce contexte délétère peut entraîner des problèmes sérieux comme l’épuisement professionnel ou le burn-out. D’après le Baromètre d’Empreinte Humaine et Opinion Way, publié en septembre 2024, 30 % des actifs français ont déjà été en burnout modéré ou sévère au moins une fois au cours de leur carrière !

Les conséquences ne sont pas uniquement individuelles, elles touchent également les organisations. Les absences et le turn-over augmentent , tandis que la communication entre les équipes se détériore. Il est essentiel d’identifier les signaux d’alerte : parmi eux, une chute soudaine de la performance, des retards fréquents ou un isolement grandissant du salarié. Pour détecter ces indices, les managers doivent être formés pour être en mesure d’agir le plus vite possible. 

Former les managers : des acteurs clés pour réagir rapidement face à une santé mentale en danger

Dans un contexte où la santé mentale des employés est en péril, les managers occupent un rôle clé. Ils peuvent observer de près les changements de comportement au sein de leurs équipes et anticiper des problèmes plus graves. Mais pour cela, ils doivent être formés à détecter les signaux d’alerte et à adopter des pratiques adaptées. 

La formation des managers à l’écoute active est un prérequis indispensable. Cela aide ces derniers à créer un climat de confiance au sein duquel les employés se sentent libres de partager leurs difficultés. Mais cette formation n’est pas toujours au rendez-vous. Une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) révèle que 70 % des managers ne se sentent pas suffisamment formés pour aborder les questions de santé mentale avec leurs équipes. 

Les formations pour identifier les salariés en souffrance psychologique sont donc une aide précieuse, à ne pas négliger. Un manager formé peut mieux identifier quand un employé habituellement engagé devient soudain distant ou agité. Plutôt que de rester inactif, il initiera le dialogue pour comprendre la situation.

Au-delà de l’écoute, qui est le BA-ba d’un bon management, des ateliers sur la gestion du stress, le burn-out ou l’anxiété peuvent donner aux responsables les outils pour mieux gérer les cas difficiles. Par exemple, ils peuvent apprendre comment redéfinir les priorités pour un salarié débordé ou réduire temporairement sa charge de travail en s’appuyant sur la force du collectif. 

Par ailleurs, il est important d’établir des espaces d’échanges tels que des groupes de discussion entre managers. A l’intérieur de ces espaces d’échanges entre pairs, ces derniers peuvent partager leurs expériences et trouver des solutions ensemble. Ces initiatives améliorent non seulement les compétences individuelles de chaque manager mais renforcent aussi les capacités collectives de l’organisation à faire face aux défis rencontrés. 

Offrir des solutions concrètes pour soutenir les employés

Diagnostiquer ne suffit pas. Soutenir la santé mentale des collaborateurs nécessite aussi de savoir agir une fois les problèmes identifiés. Les entreprises disposent aujourd’hui de différentes ressources pour soutenir leurs équipes dans des périodes économiques difficiles. 

Une solution consiste à instaurer des Programmes d’Aide aux Employés (PAE) qui donnent accès à un soutien psychologique confidentiel aux personnes, souvent via une ligne téléphonique dédiée ou support psychologique online. Il existe plusieurs programmes de ce type comme Modern Health, Corehealth de carebook ou encore Spring Health. Pourtant, ce type de programme n’est pas encore suffisamment répandu. Selon une étude de l’Observatoire de la santé mentale au travail, seulement 30 % des entreprises françaises offrent des services de soutien psychologique à leurs employés. 

Par ailleurs, des changements organisationnels peuvent s’avérer utiles. Horaires flexibles et télétravail aident les employés à mieux gérer leur équilibre de vie professionnelle vie privée dans une période de turbulences ou de surcharge de travail. Des actions ciblées, telles que des campagnes sur la santé mentale ou la mise à disposition d’espaces pour se reposer au bureau aident à insuffler une véritable culture du bien-être au travail. 

Cela ne nécessite pas toujours de gros moyens, mais peut passer par des petites actions concrètes et faciles à mettre en œuvre. Ces petites actions montrent avant tout que l’entreprise se soucie de ses employés et cherche à améliorer véritablement leur moral. En développant des solutions selon les besoins des équipes, les entreprises peuvent ainsi réduire le stress et améliorer l’engagement et la productivité, même dans un contexte économique morose.

Créer une culture d’entreprise axée sur le bien-être pour cultiver la santé mentale au travail

Pour soutenir la santé mentale durablement, il reste indispensable de créer une culture d’entreprise où le bien-être au travail soit valorisé à tous les niveaux. Cela nécessite non seulement de mener des actions ponctuelles mais aussi d’insuffler des valeurs d’entreprise qui mettent les employés au centre des priorités RH. La prévention est importante ici. Au lieu d’attendre les crises, les organisations  peuvent entreprendre de nombreuses  initiatives pour évaluer et améliorer le bien-être au travail. 

Par exemple, réaliser des sondages internes chaque trimestre (enquêtes pulse) et organiser des entretiens informels avec les salariés peut aider à repérer rapidement les difficultés et agir au plus vite. Un autre élément clé à prendre en compte est l‘engagement de la direction. Quand celle-ci montre l’exemple, cela a un impact immense ! Un dirigeant qui discute avec ses équipes et participe à des activités sur la santé mentale crée un climat de confiance. Même les plus petits gestes contribuent ainsi  à un environnement où chacun se sent libre de partager ses inquiétudes !

Mais surtout, une communication RH claire et transparente sur la santé mentale au travail aide à booster l’engagement des équipes. Il peut s’agir d’actions de sensibilisation, de la mise à disposition de ressources dédiées (brochures, vidéos) ou de l’organisation de journées thématiques, par exemple à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, qui aura lieu cette année le vendredi 10 octobre 2025.

En intégrant ces pratiques, les entreprises ne font pas que réagir à court terme aux problèmes qui se présentent à elles, elles favorisent un environnement qui encourage résilience et performance collective.

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Pourquoi investir dans la santé mentale de vos salariés ?

Investir dans la santé mentale ne doit pas être considéré comme une simple dépense qui vient en réaction à un environnement morose ou à des difficultés conjoncturelles. C’est un véritable levier stratégique pour les entreprises. Les impacts sont visibles non seulement sur le bien-être individuel mais aussi sur les performances collectives, ce qui transforme  cet engagement de l’entreprise en véritable avantage compétitif. 

Les bénéfices se font vite ressentir : moins de stress, un meilleur équilibre vie professionnelle vie privée, et plus de motivation. En effet, une meilleure santé mentale réduit l’absentéisme, booste la productivité et augmente la fidélité des employés. Selon l’OMS,  les programmes de bien-être au travail peuvent baisser le taux d’absentéisme de 27 % et les coûts des soins de 26 %. 

Par ailleurs, les entreprises qui misent sur le bien-être au travail renforcent leur marque employeur, attirant plus facilement les talents dans un marché du travail qui reste concurrentiel, bien que moins tendu. Une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) montre ainsi que 70 % des candidats potentiels considèrent la santé mentale des employés comme un critère important dans le choix de leur futur employeur. 

Enfin, les impacts d’un défaut d’attention au bien-être des salariés ne sont pas juste financiers : ils sont surtout humains. 

En plaçant la santé mentale au centre, les organisations créent un climat de confiance respectueux, contribuant ainsi à bâtir une culture d’entreprise durable et performante !

 

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