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Capter l’attention des apprenants : un challenge
On le sait, à l’ère de l’usage intensif des outils numériques et des réseaux sociaux, notre cerveau est constamment sollicité. Notre attention est devenue un enjeu majeur que se disputent un grand nombre d’acteurs. Il est donc de plus en plus compliqué d’orienter notre attention sur un seul sujet et de préserver notre concentration. Ainsi, plusieurs études montrent que, après une interruption (par quelqu’un, par une notification sur son téléphone…), il faut entre 5 et 20 minutes pour parvenir au niveau de concentration initial.
De plus, le temps passé à traiter ces interruptions avant de se remettre sur sa tâche initiale prendrait en moyenne 28 % de la journée. Alors, comment faire dans le contexte de la formation, où le fait que les apprenants soient présents et attentifs est une condition indispensable pour garantir son efficacité ?
Les neurosciences
Pourquoi compter sur les neurosciences pour relever le défi de l’attention des apprenants en formation ?
Car cette discipline scientifique étudie la structure et le fonctionnement de notre cerveau. Et elle évolue en permanence, au fil des études menées par les scientifiques. Les neurosciences proposent une approche incluant les dernières découvertes sur le sujet de l’apprentissage et qui sont complètement adaptées au fonctionnement et à l’évolution du cerveau humain.
Ainsi, le psychologue Stanislas Dehaene a identifié quatre piliers de l’apprentissage. L’attention est le premier d’entre eux. Sans attention, pas d’apprentissage. Les trois autres piliers sont l’engagement actif, le retour sur erreur et la consolidation.
Les neuromythes
Avant de se pencher sur ce qu’apportent les neurosciences, il est intéressant de faire le point sur quelques croyances erronées sur le cerveau qui ont été déconstruites par les neurosciences. C’est ce que l’on appelle les neuromythes.
Les neuromythes sont nombreux et nous allons ici nous concentrer sur quelques uns qui sont en lien avec la formation.
- Nous n’utilisons que 10 % de notre cerveau : cette croyance vient du fait que tous nos neurones ne sont pas activés en même temps. Mais l’individu utilise bien toutes les régions de son cerveau. Ainsi, l’apprentissage permet, non pas de plus utiliser notre cerveau, mais de l’utiliser différemment.
- On ne peut pas apprendre toute sa vie : au contraire, notre cerveau a la capacité de construire des neurones toute sa vie grâce aux phénomènes de neurogenèse (formation de nouveaux neurones) et de plasticité cérébrale (évolution de la structure du cerveau par la création, la modification ou la suppression de connexions neuronales).
D’où l’intérêt de la formation professionnelle continue pour continuer à apprendre en tant qu’adulte.
- Nous avons tous un style d’apprentissage préférentiel : approche visuelle, auditive ou kinesthésique, nous sommes tous sensibles à ces styles d’apprentissage. Ainsi, des modalités de formation variant ces différents styles seront plus efficaces.
- Le multitâches : le cerveau est incapable de gérer plusieurs tâches en même temps. Ce que l’on apparente à du multitâches est en fait une alternance très rapide entre une tâche puis l’autre. Il y a donc tout intérêt à capter l’attention des apprenants car le multitâches ou l’illusion du multitâches nuit à l’apprentissage.
Votre formation sur ce thème
NEUROSCIENCES ET APPRENTISSAGE
2 jours – En présentiel ou à distance
- Identifier le cadre des neurosciences pour l’apprentissage.
- Reconnaître les neuromythes.
- S’approprier les grands principes de l’apprentissage selon les neurosciences.
- Synthétiser les bonnes pratiques pour concevoir et animer des formations.
- Concevoir une séquence pédagogique en s’appuyant sur les neurosciences.
Les apports des neurosciences par rapport à la formation
Comprendre comment le cerveau fonctionne permet de concevoir des programmes de formation plus adaptés. Voyons ce que nous apprennent les neurosciences, en lien avec la formation.
Engager les apprenants
L’engagement actif est l’un des quatre piliers de l’apprentissage. Pour attirer et conserver l’attention des apprenants, il faut parvenir à les impliquer. Cela passe par initiatives qui les responsabilisent, comme :
- les faire participer à la construction du cadre en début de formation ;
- leur rappeler qu’ils sont tous co-responsables du bon déroulement de la formation ;
- en cas de jeu de rôle, confier un rôle d’observateur aux autres apprenants…
Utiliser les techniques de la pédagogie active et de l’intelligence collective permet aussi de créer des formations plus interactives et engageantes pour les apprenants.
La force de la répétition
Plus on répète un message, plus les connexions neuronales associées à celui-ci dans notre cerveau se renforce. La répétition est donc clé pour ancrer de nouveaux savoirs et pallier les éventuels problèmes d’attention des apprenants.
De plus, chaque répétition sous un format différent (audio, vidéo, présentation…) crée une connexion neuronale différente. Il sera donc important de prévoir des moments de répétition dans le programme de formation et de varier les formats.
Varier les styles d’apprentissage et changer le rythme
Nous l’avons vu plus haut, un des neuromythes consiste à penser que chaque apprenant a un style d’apprentissage préférentiel (auditif, visuel, kinesthésique…). En fait, chaque style d’apprentissage présente un intérêt et permet de capter l’attention. Pour renforcer les messages passés et maximiser les chances que chaque apprenant les retienne, il sera intéressant de varier les styles d’apprentissage.
Le rôle des émotions pour ancrer les apprentissages
Les émotions sont des signaux que le corps nous envoie pour nous faire passer un message. On peut citer la joie, la colère, la tristesse, la surprise…. Les émotions permettent de capter l’attention.
De plus, des études ont montré que le fait d’éprouver une émotion en apprenant une notion permet de mieux la retenir. Car l’apprentissage est associé à une manifestation physique dans notre corps et à un souvenir particulier. Ainsi, utiliser des activités type quiz ou challenges entre les participants, qui va créer des émotions de joie, excitation, stress modéré, peut permettre de mieux faire passer des notions.
Attention néanmoins à ne pas générer trop d’émotions de stress chez les apprenants. En effet, un stress trop intense nuit au contraire à la mémorisation et à l’apprentissage.
Utiliser l’association
L’association est un phénomène consistant à lier les informations nouvelles que vous partagez avec vos apprenants à des notions qu’ils connaissent déjà. Ainsi, on s’appuie sur des connexions neuronales déjà formées, ce qui facilite la création de nouvelles connexions.
En pratique, vous pouvez commencer votre séquence en demandant aux apprenants ce qu’ils connaissent déjà du sujet. Cela permet de capter leur attention et de les impliquer. Ensuite, vous pourrez développer vos apports en faisant référence aux éléments communiqués par les apprenants.
Mémoire de travail vs mémoire à long terme
Il existe plusieurs types de mémoire. En formation, on peut s’attarder sur la mémoire de travail et la mémoire à long terme.
La première est une mémoire plus immédiate et superficielle, où sont stockées des informations dont on a besoin immédiatement, pour effectuer une tâche comme faire un calcul ou résoudre un problème. La mémoire à long terme est celles où sont stockées des informations acquises plusieurs jours, mois ou années auparavant et que l’on active lorsque l’on a besoin de récupérer ces informations. Les souvenirs doivent passer par la mémoire de travail pour être ensuite encodés dans la mémoire à long terme. Or la capacité de stockage de la mémoire de travail est limitée.
L’idée à retenir ici est donc de ne pas saturer les apprenants d’informations. Il faut choisir les quelques informations clés que l’on veut faire passer en formation. Au risque, sinon, d’empêcher la mémoire de travail de fonctionner correctement et de créer un décrochage de l’apprenant.
S’appuyer sur la chronobiologie
La chronobiologie est une science qui étudie les rythmes biologiques de notre corps. Il y a des ponts entre la chronobiologie et les neurosciences.
La chronobiologie nous indique les moments clés de la journée où l’attention des apprenants est à son maximum : milieu de matinée et milieu d’après-midi. Il est recommandé de prioriser les apports théoriques. En revanche, certains moments sont plus critiques : le tout début de journée ou le retour de la pause déjeuner. À ces moments-là, il faut plutôt prévoir des activités qui mettent les apprenants en énergie et en mouvement : quiz, cas pratiques, discussions… Enfin, à l’approche du déjeuner et de la fin de journée, les apprenants sont plus susceptibles de s’agiter et s’impatienter. Dans ce cas, il faut privilégier des activités permettant de faire baisser l’énergie : des réflexions individuelles par exemple.
Enfin, la chronobiologie et les neurosciences ont montré l’importance de prévoir des pauses régulières. Y compris des « micropauses » de 2-3 minutes improvisées qui permettent de restaurer l’attention des apprenants.
Utiliser les nouvelles technologies au service de la formation
Jouer le jeu de notre époque moderne et détourner les téléphones portables à notre avantage. Ainsi, l’utilisation d’applications pour réaliser des quiz, des nuages de mots en ligne, des cartes mentales digitales, des murs collaboratifs, permet de dynamiser l’apprentissage. En revanche, c’est à double tranchant et il y a le risque que les apprenants s’égarent dans la lecture d’emails ou de sms. Il faudra veiller à les ramener au cadre établi en début de session.
Nous avons vu quelques solutions proposées par les neurosciences pour parvenir à capter l’attention des apprenants en formation. Néanmoins, il est nécessaire d’accepter qu’il y aura des moments de décrochage. Les apprenants sont avant tout des professionnels qui n’ont plus forcément l’habitude de rester sept heures en posture passive à écouter des théories. Inévitablement, leur attention ne sera pas au même niveau pendant toute la formation. Il sera donc important de vous assurer que les messages clés que vous voulez faire passer sont répétés sous différents formats et qu’ils sont clairement rappelés dans les supports remis aux apprenants.