Partager la publication "Passer à la semaine de 4 jours : quels enjeux RH ?"
Depuis la crise COVID, la qualité de vie au travail est devenue un sujet prégnant dans les entreprises et les salariés cherchent non seulement du sens à leur travail, mais ils souhaitent également de plus en plus à allier vie personnelle et vie professionnelle.
Le télétravail a pris son envol et fort de ce succès, c’est aujourd’hui la semaine de 4 jours qui fait son apparition.
Pourquoi mettre en place la semaine de 4 jours ?
Alors que les salariés sont sans cesse à la recherche d’une meilleure qualité de vie, la semaine de 4 jours apparaît comme une solution parfaite ! Ce rythme de travail, plébiscité par de plus en plus de salariés, pourrait être un facteur d’accroissement de la productivité, de la qualité de vie au travail et serait garant d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. C’est en tout cas ce que nous pouvons lire dans la plupart des articles traitant de ce sujet.
Mais si nous souhaitons aller plus loin dans la réflexion, il peut être intéressant de dresser la liste non exhaustive des avantages à la semaine de 4 jours, tant pour les employeurs que pour les salariés.
Côtés salariés, la semaine de 4 jours, c’est :
- Un temps de travail réduit sur la semaine : Avec un jour de repos supplémentaire, le salarié aura le sentiment de moins travailler, et ce même si le temps de travail hebdomadaire reste le même.
- Un salaire identique : la semaine de 4 jours ne doit pas être assortie d’une diminution de salaire, c’est le principe.
- Une baisse du stress et de la fatigue : ce jour « off » supplémentaire permet au salarié de bénéficier de davantage de repos, et d’être moins stressé car il a plus de temps pour lui.
Côté employeurs, les impacts positifs sont :
- Une augmentation de la productivité : Les différentes études sont formelles, travailler sur 4 jours augmente la concentration et, par conséquent, la productivité et la performance.
- Une réduction du taux d’absentéisme : grâce à ces nouvelles conditions de travail le salarié est plus motivé et prend davantage de plaisir à aller travailler, car il sait qu’il aura du temps pour lui.
- Une meilleure organisation : Les salariés vont gagner en autonomie et prioriser les tâches de telle sorte que les missions sans valeur ajoutées seront reléguées au second plan.
Enfin sur un plan plus global, et national, la semaine de 4 jours pourrait favoriser la baisse du taux de chômage puisque dans certains secteurs, afin de remplir les plannings et d’assurer le bon fonctionnement de l’entreprise, des recrutements seront nécessaires.
Par ailleurs, dans le cadre de la politique sociétale et environnementale de l’entreprise, la semaine de 4 jours favorisera l’écologie : moins de déplacements en voiture et moins de dépenses d’électricité.
Voilà donc de bonnes raisons de vouloir mettre en place la semaine de 4 jours en entreprise.
Quelques exemples d’entreprises passées à la semaine de 4 jours
Au départ, peu nombreuses, de plus en plus d’entreprises ont décidé de tester la mise en place de la semaine de 4 jours.
Parmi elles, la grande distribution, l’industrie et même l’administration :
- LIDL, qui a inscrit sa démarche dans le cadre de négociations avec les partenaires sociaux sur la qualité de vie au travail. Il ne s’agit que d’un test pour le moment : au lieu de travailler 30 heures ou 35 heures sur 5 jours, les salariés travaillent 7H30 sur 4 jours. Les salariés après ces premiers mois de tests sont satisfaits de cette nouvelle organisation qui permet de limiter les trajets et la fatigue.
- STRUCTA, fabricant de mobilier de bureau, expérimente la journée de 4 jours également. Désormais, le vendredi est « off » pour les salariés, qui travaillent désormais 36 heures sur 4 jours sans diminution de salaire. Là encore, les salariés sont satisfaits et l’entreprise a d’ailleurs remarqué une hausse de son attractivité.
- L’URSSAF Picardie a lancé cette expérimentation il y a un peu plus d’un an ; expérimentation qui est le fruit d’une négociation avec les délégués syndicaux. Les salariés (hors cadres au forfait jour) ont désormais la possibilité de travailler 36 heures par semaine concentrées sur 4 jours.
En termes d’organisation, qu’est-il possible de faire ?
Une fois la décision prise de passer à la semaine de 4 jours, une autre question importante est soulevée : quelle organisation adopter pour passer à la semaine de 4 jours et garder un salaire identique ?
Ce qui vient immédiatement à l’esprit, c’est l’allongement de la journée de travail. Augmenter l’amplitude horaire tout en respectant la durée du temps de travail et des temps de repos : tout un challenge !
La loi, elle, nous propose deux solutions :
- Soit réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaire, pour passer à une semaine de 32 heures. Vos collaborateurs peuvent par là même bénéficier d’un jour de congé supplémentaire par semaine, en travaillant 8 heures par jour.
- Soit augmenter la charge de travail journalière, en répartissant les 35 heures hebdomadaires sur 4 jours.
L’idée est à la fois de travailler moins, mais aussi de travailler mieux : donc autant, mais en moins de temps. Il faut donc être efficace. Les journées sont plus longues, mais la rémunération, elle, ne change pas, car la quantité de travail effectuée reste la même.
Il existe sans aucun doute d’autres solutions, mais elles sont sans doute à chercher dans le cadre de négociations avec les partenaires sociaux. À vous d’être créatifs et imaginatifs.
Juridiquement : peut-on imposer la semaine de 4 jours aux salariés ou doit-il y avoir négociation via le CSE ?
La mise en place de la semaine de 4 jours est une petite révolution dans les entreprises.
Il n’existe aucune obligation ou interdiction légale quant à la mise en place d’une semaine de 4 jours, à la condition que celle-ci respecte la durée maximale de travail hebdomadaire et les temps de repos.
Il peut être intéressant de passer comme l’a fait LIDL, par une négociation collective afin de favoriser le dialogue avec les salariés. Car attention, il est à mon sens essentiel de ne pas imposer ce mode de vie aux salariés et les laisser choisir le fonctionnement qui leur convient le mieux dans la mesure du possible bien évidemment. Si pour certains effectuer de plus longues journées ne posera pas de difficultés majeures, pour d’autres cela pourra être plus compliqué (notamment si les temps de trajets sont importants, le salarié sera éveillé plus longtemps…). L’efficacité pourrait ainsi décroître et la productivité être en berne.
À défaut d’accord et si ce passage aux 4 jours est un choix délibéré de l’employeur qui répond à un projet d’entreprise, l’employeur passera par une décision unilatérale de l’employeur après avis conforme du CSE et information de l’inspection du travail.
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- Intégrer les dernières évolutions en matière de durée du travail.
Le rôle des RH dans le processus : un rôle essentiel
Dans le cadre de la transformation dans laquelle se lance l’entreprise, la fonction RH joue un rôle primordial, et la semaine de 4 jours pourra être utilisée par elle au quotidien.
En effet, une fois assurée que les missions sont bien réalisables en 4 jours, la charge de travail va rester la même et les fiches de postes sont pensées sur 5 jours. Il faut donc répartir la charge de travail sur la semaine travaillée, la fonction RH pourra utiliser la semaine de 4 jours pour attirer les nouveaux talents et s’assurer de l’engagement permanent de ses collaborateurs.
Les bienfaits de cette nouvelle forme de travail en termes de diminution du sentiment de fatigue, de stress, voire même de l’absentéisme, vont se faire sentir rapidement.
Enfin, la fonction RH se servira de ce nouveau mode de fonctionnement pour communiquer et développer sa marque employeur : l’entreprise pourra ainsi se vanter d’agir positivement sur l’environnement, d’innover en termes de management et il pourrait même s’agir de relancer l’économie en développement le secteur des loisirs.
