Des prises de risque différentes.
Selon les domaines d’intervention, la prise de risque sera très différente d’un collègue à l’autre. Ainsi, il existe des métiers où le risque est omniprésent (travaux en espaces confinés par exemple) avec des contraintes importantes aussi bien en matière de prévention que de protection.
A l’inverse, un travail de bureau n’expose pas l’agent en lui-même mais les décisions prises peuvent avoir, par exemple, des conséquences financières pour l’organisation (phraséologie d’outil et de contexte particulier, méconnaissance, oubli, etc.). L’encadrement doit donc adapter son discours et sa démarche aux enjeux qui, s’ils sont tous importants, n’ont pas les mêmes répercussions pour l’organisation et les agents.
Ne pas s’en tenir au résultat.
Malheureusement, l’encadrement juge parfois la prise de risque au même titre que le résultat. Ainsi, un agent avait mis en déroute des cambrioleurs dans un établissement public. Passant par hasard, il avait remarqué que les bureaux étaient allumés et que des personnes allaient et venaient dans les locaux. Il était alors entrer seul dans l’établissement, qu’il connaissait très bien, et avait surpris les voleurs qui avaient pris la fuite.
L’encadrement avait considéré que l’agent avait parfaitement maîtrisé la situation. Or, si l’on s’attache aux faits, sa prise de risque était trop importante, il s’était exposé seul sans prendre le temps de prévenir la police et d’évaluer la situation. Généralement il en est ainsi des prises de risque : le manager juge du résultat. S’il est bon, l’agent est félicité, s’il est mauvais, il est réprimandé.
La prise de risque n’a cependant aucun lien avec le résultat. Elle est amont et totalement indépendante.
Gérer risque et prise de risque.
Un nombre important de facteurs interviennent et plusieurs scénarios sont possible quand un danger survient. La prise de risque n’est qu’un des facteurs parmi les autres. Le manager doit donc dissocier deux éléments : d’une part la prise de risque et d’autre part le résultat. Il faut amener les employés à prendre des risques tout en mesurant les conséquences. Cela revient, ni plus ni moins, qu’à valoriser la prise de risque et pas seulement la finalité de l’événement.
La prise de risque sera mise en avant indépendamment du résultat. Un agent ne s’arrêtera plus à la finalité mais bien au cheminement qui pourra aboutir à la réussite. Un encadrant qui va condamner la prise de risque d’un agent uniquement au regard du mauvais résultat obtenu, va transmettre l’information à tous les agents que la prise de risque n’est pas souhaitable. Dès lors, les agents seront réticents à prendre des risques ce qui peut engendrer inertie et difficultés (prise d’initiative limitée voir inexistante).
En dissociant les deux fonctions que sont la prise de risque et la finalité de l’événement, l’encadrant prend le recul indispensable à sa fonction. Pour amener les agents dans une posture d’analyse de chaque situation risquée, rien de mieux que de diffuser une culture du risque dans son organisation. Le point d’orgue étant d’intégrer dans les évaluations la notion de prise de risque et les attentes de l’encadrement sur ce sujet. Cela favorisera la prise d’initiative tout en maîtrisant les dangers éventuels.
Par Martial Prévalet
Spécialiste du management et de la gestion des risques, et auteur de
« La gestion des risques dans la Fonction publique » chez GERESO Édition