Interview de Corinne Souissi : consultante en formation

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Consultante formatrice indépendante chez GERESO depuis 2001, Corinne Souissi a accepté de répondre à nos questions sur les stages qu’elle anime ainsi que sur l’impact de la réforme de la formation :

Crédit photo : http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/lex-comptable-forme-ressources-humaines-05-03-2014-135439
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Pouvez-vous commencer par nous parler de votre parcours ? Comment vous êtes-vous spécialisée en gestion de la formation ?

J’ai travaillé pendant 20 ans comme responsable comptable en cabinet d’expertise comptable. En 2001, j’ai commencé à animer quelques formations pour GERESO afin d’accompagner le développement des stages en comptabilité et finance. En 2004, GERESO m’a proposé de reprendre l’animation de programmes en ingénierie de la formation : une expérience qui m’a permis de me rendre compte que j’avais fait le tour de la comptabilité et de la finance.

J’ai donc décidé de reprendre mes études en suivant une première année de DURF (diplôme universitaire responsable formation). J’ai ressenti le besoin de développer mes compétences en ingénierie de formation ainsi qu’en ingénierie pédagogique. Après la première année, j’ai quitté mon poste de responsable comptable et j’ai commencé à suivre un Master 2 en RH et stratégie de l’entreprise : un bon complément pour développer mes compétences en ressources humaines.

Parallèlement à formation diplômante en alternance, j’ai intégré l’entreprise Groupama pendant 2 ans pour travailler dans le service formation. J’ai ainsi accompagné le responsable dans la mise en place du DIF et des outils pour optimiser l’accompagnement des collaborateurs. J’ai ensuite travaillé pendant 1 an comme responsable formation dans le secteur du médico-social, à la création d’un catalogue de formation et d’outils de pilotage de la formation.

En 2007, comme j’avais acquis assez d’expérience, j’ai recontacté GERESO et j’ai recommencé à animer des formations. Il me semblait essentiel d’avoir à la fois les connaissances théoriques et l’expérience sur le terrain pour obtenir une certaine légitimité. J’ai ainsi pu créer des programmes de formation pour GERESO. Je suis par ailleurs référente pour le parcours certifiant d’assistant et de responsable de formation.

Quelles formations animez-vous pour GERESO ? A qui s’adressent-elles et quelles sont leurs objectifs ?

J’interviens principalement pour des formations en ingénierie de formation et ingénierie pédagogique. Il est d’ailleurs essentiel de distinguer ces deux axes :

– L’ingénierie de formation, c’est ce qui permet de recueillir les besoins des salariés en matière de formation, de les arbitrer par rapport à la stratégie de l’entreprise, de mettre en forme le plan de formation, de définir les dispositifs permettant de le financer, d’optimiser le budget de formation, mais aussi d’évaluer le ROI. Par exemple, le stage « construire et présenter le plan de formation » en fait partie. Le public cible de ces programmes ? Les assistants et les responsables formation. Si les entreprises ne possèdent pas de service dédié à la formation, elles envoient bien souvent des personnes qui ont une double compétence, en général comptabilité/RH et formation.

– L’ingénierie pédagogique permet de déterminer les savoirs et les supports pédagogiques à mettre en œuvre pour répondre aux objectifs de l’entreprise. Par exemple, le stage « formation de formateur occasionnel » en fait partie. Les entreprises sont de plus en plus demandeuses, car elles ont de plus en plus tendance à vouloir former en interne les nouveaux arrivants. Pour ces formations, j’accueille donc un public varié : des salariés qui viennent de tous les services de l’entreprise.

En 2014, une réforme a bouleversé le secteur de la formation. Pouvez-vous nous dire en quoi cela va changer les choses pour la gestion du plan de formation ?

Avant les entreprises étaient dans une logique de dépense : elles étaient dans l’obligation de payer la formation. Alors qu’aujourd’hui, elles sont plutôt dans l’obligation de former et de qualifier. La gestion du plan devient donc un déploiement stratégique d’investissement de formation par la mise en place d’une logique de certification. Alors qu’avant, ce n’était pas forcément le but !

Il y a également une logique de ROI qui n’était pas là avant. Il faut maintenant mesurer si la formation est efficace, si elle permet d’atteindre les objectifs stratégiques. Les responsables de formation deviennent donc des responsables d’investissement.

Autre point important : la politique de la formation va maintenant profiter d’un renforcement des échanges entre le salarié, le manager, les IRP et l’employeur. On va identifier les besoins de formation des salariés pour les reconnecter à la stratégie de l’entreprise. Il faut aussi savoir que le plan de formation peut être établi tous les 3 ans, s’il existe un accord d’entreprise. Les entreprises seront amenés à anticiper davantage leurs besoins de formation en lien avec la GPEC.

Dernier point : les formations demandées devront obligatoirement avoir un lien avec les besoins professionnels pour être prises en charge. Cela pose problème pour les formations en développement personnel qui n’ont pas forcément de rapport direct avec les compétences professionnelles.

Et par rapport au budget de la formation ?

Les entreprises de plus de 300 salariés devront gérer la formation sur leur fond propre en  négociant le budget avec le comité de direction et les différents acteurs en lien avec les finances. Elles devront aller chercher des financements externes pour optimiser leur budget (au niveau régional, national et européen). De même, elles peuvent opter pour des versements volontaires « extra-légaux » auprès de leur OPCA pour gérer la formation qui relève du budget PLAN.

A savoir : la tendance pour l’année 2015 est à la stabilisation du budget alloué. En général, la dépense en formation dans les entreprises est de l’ordre de 2.8 à 3.5% de la masse salariale brute, alors que l’obligation fiscale était  à hauteur de de 0.9%.

Et concernant les pratiques liées à l’achat de formation ?

Avec la réforme, le digital learning prend de l’ampleur. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’avant, la formation ouverte à distance n’était pas forcément bien encadrée et donc pas systématiquement prise en charge par les OPCA. Sachant que la formation mixte, à savoir, une partie en présentielle et l’autre à distance, est de plus en plus privilégiée par les entreprises. Cela permet notamment aux entreprises d’économiser sur le budget formation, car il y a moins de coûts annexes (frais de déplacement, hôtels…).

En tant que consultante spécialisée en gestion de la formation, quelle est l’incidence de cette réforme sur votre métier ?

La réforme de la formation a une grosse incidence sur le métier de consultant. Pour pouvoir continuer à faire ce métier, il faut donc attester de sa légitimité par rapport à deux éléments :

– Un diplôme, une certification, un titre professionnel de formateur. A l’heure actuelle, les consultants n’ont pas tous un diplôme certifiant de leurs compétences.

– Se rapprocher d’un organisme qui permet de valider les compétences dans une démarche qualité. Cela apporte une valeur ajoutée pour le consultant en démontrant sa capacité à satisfaire les exigences des clients et de faire reconnaître son professionnalisme sur le marché de la formation.

Le dernier livre de Corinne Souissi : Le recrutement gagnant-gagnant

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