Christine Merle a débuté sa carrière dans le secteur de l’enseignement et de la formation. Pendant près de 30 ans, elle fut responsable de formation pour le compte de la Fédération des Retraites Complémentaires ARRCO-AGIRC, ce qui lui a permis de développer une expertise centrée sur les droits à la retraite. Depuis 2011, elle met son expérience au service de GERESO, en prenant en charge la réalisation de bilans de retraite. Christine Merle répond aujourd’hui à quelques questions :
Réaliser un bilan retraite, en quoi cela consiste t-il ?
Pour faire simple, mon rôle est d’accompagner les salariés dans la reconstitution de leur carrière, afin de leur préciser quel sera le montant de leur pension ou encore à quel moment il est judicieux de partir à la retraite. Dans les faits, voici comment ça se passe.
Le service RH d’une entreprise prend contact avec GERESO pour lui confier le dossier d’un salarié senior qui a besoin d’un bilan retraite. GERESO me transmet ensuite la demande ainsi que le dossier du salarié. A partir de là, j’organise des rendez-vous téléphoniques (ou physiques pour les dossiers les plus complexes) avec le salarié pour mettre en place le travail de vérification.
L’objectif est d’aboutir à un bilan retraite, mais le travail qui doit être mis en place au préalable est la vérification de la carrière à partir des relevés fournis par les différents régimes. Ce travail permet d’identifier s’il existe des périodes, des trimestres ou des points qui n’ont pas été pris en compte : il s’agit donc d’un véritable travail d’enquête.
Il faut savoir que les erreurs sont assez courantes, d’où l’importance d’établir un bilan de retraite détaillé. Les erreurs peuvent venir d’une erreur de saisie ou encore de la complexité d’un parcours professionnel, par exemple, dans le cas de nombreux changements d’entreprises. En plus, les droits des régimes de base et des régimes complémentaires ne sont pas calculés de la même manière, cela ne facilite pas la vérification par l’intéressé seul : le « coup d’œil » de l’expert retraite est donc précieux.
Quelles sont les étapes essentielles dans la réalisation d’un bilan de retraite ?
Avant tout, je vérifie que le dossier du client est bien complet, car j’ai besoin d’avoir toutes les informations à ma disposition pour lancer mon enquête. J’ai donc besoin de connaître l’état civil du salarié ainsi que son parcours de vie : le client a-t’ il fait des études ou encore souhaite t’il partir à la retraite plus tôt ou réduire son activité avant son départ à la retraite…
Ensuite, je dresse la carrière du client du début à la fin pour vérifier si le dossier est bien complet. C’est à ce moment-là que l’on se rend compte que certaines périodes n’ont pas été prises en compte. L’objectif est ensuite de contrôler la carrière année après année pour vérifier que tout est bien cohérent.
J’ai eu le cas d’une personne qui se posait la question du départ à la retraite à l’âge de 60 ans au titre des carrières longues. Le relevé du régime de base indiquait qu’il lui manquait un trimestre, ce impliquait une réponse négative. Après avoir croisé les informations figurant sur les relevés du régime de base et des régimes complémentaires, il est apparu qu’un employeur avait sans doute été oublié par le régime de base. J’ai donc fait une demande à la CNAV qui a retrouvé la période cotisée manquante. La validation par la CNAV d’un trimestre supplémentaire rend désormais possible la retraite à 60 ans pour cette cliente.
Après ce travail d’exploration, j’établis ensuite des estimations chiffrées avec plusieurs scénarios : par exemple, quel impact sur la retraite en cas de rupture conventionnelle ou de réduction de l’activité ?
Quels sont les bilans retraite les plus simples à gérer ?
Je me charge rarement de bilans retraite vraiment simples à gérer. Mais ça arrive de temps en temps. Le profil type du salarié dont le bilan de retraite ne pose pas de problème : un homme, non cadre, qui a travaillé pendant toute sa carrière dans la même entreprise et qui a au plus 2 enfants (pas de droit aux majorations familiales dont l’application se révèle assez complexe dans le régime complémentaire ARRCO).
Et quels sont les bilans de retraite les plus complexes à gérer ?
Les salariés qui ont connu plusieurs employeurs, parfois même au cours de la même année sont les plus difficiles à gérer. Parmi les cas dont je me suis occupée, les plus complexes concernaient les intermittents du spectacle, mais aussi les femmes ayant eu une carrière très « hachée » : alternance de période de chômage, d’intérim, de temps partiel, de congé parental, etc.
Et qu’en est-il des périodes de travail à l’étranger ? Est-ce différent dans le cas d’une expatriation ou d’un contrat maintenu en France ?
Si le contrat est maintenu en France, ce n’est pas plus compliqué à gérer. Par contre, dans le cas d’une expatriation pure, cela peut rapidement devenir très complexe. Il faut se référer à la convention de sécurité sociale entre la France et le pays étranger lorsque celle-ci existe. Je conseille souvent à ces salariés de racheter des trimestres.
On peut « racheter des trimestres » pour améliorer sa retraite. Incitez-vous souvent vos clients à le faire ?
On ne peut pas faire ici une généralité, c’est au cas par cas. La situation est plus favorable pour certains salariés que pour d’autres. Mon rôle est de leur montrer si c’est financièrement intéressant pour eux, car il ne faut pas oublier que le rachat de trimestres peut se révéler assez cher. L’estimation coût/bénéfice est en général assez parlante pour les personnes qui viennent me consulter pour un bilan retraite.
Enfin, quelle est votre valeur ajoutée par rapport aux bilans retraite proposés par les sociétés d’assurance ou les banques ?
Je peux difficilement parler des bilans retraite proposés par les banques et les assurances, car je n’ai jamais eu à me pencher sur leur travail. Cependant, il faut bien avoir à l’esprit que les bilans de retraite que je réalise pour GERESO sont effectués avec le plus grand sérieux : je prends le temps d’investiguer la carrière de chaque salarié. C’est peut-être ce qui manque aux sociétés d’assurance et aux banques : le temps de se pencher longuement sur chaque dossier. De plus, les bilans proposés par GERESO sont réalisés de façon complètement neutre et indépendante : contrairement aux banques et sociétés d’assurances qui souhaitent bien souvent « placer » des produits de retraite supplémentaire à leurs clients, GERESO n’a rien de plus à vendre que son expertise retraite !