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Pour Virginie Abadie,masseur-kinésithérapeute et consultante-formatrice chez C3S en prévention desTMS, CHSCT, ressources humaines et médecine du travail doivent travaillerensemble dans la prévention des TMS. Les services de médecine du travail pourles soins et la prévention, les RH vis-à-vis de l’intégration d’une politiquequi recouperait organisation du travail, gestion de carrière et suivi detableaux de bord ATMP, par exemple. Et Le CHSCT, enfin, dans la mise en placed’actions visant à minimiser l’apparition de ces troubles. En effet,l’entreprise a tout intérêt à mettre en place un « projet de préventiondes TMS »porté par ces services, explique Virginie Abadie. Entretien.
On entend beaucoup parler de TMS avec lelancement, le 19 avril dernier, de la campagne nationale destinée à inciter lesentreprises à prévenir ces troubles. Un TMS, c’est quoi exactement etqu’est-ce qui le provoque ?
Virginie ABADIE : « TMS » estune abréviation couramment utilisée pour désigner un troublemusculo-squelettique. Comme il est dû à l’association et l’accumulation deplusieurs facteurs de risque, il est possible d’intervenir à plusieurs niveauxpour préserver les salariés de leur apparition. Les actions qui permettentd’obtenir un résultat optimal sont celles qui associent plusieursaspects :
Pourdonner un exemple concret : sur une ligne de production en usine, un opérateurqui va effectuer le même mouvement avec un bras positionné en hauteur n’est pasdans une position naturelle. Ses muscles, articulations et tendons sontsollicités comme un sportif fait travailler ses mollets pendant une course, etce n’est pas anodin en termes de conséquences.
Associé aux gestes bio-mécaniques, le stress estun grand facteur de risque de TMS.
Précisons, pour finir, que les TMS les plusfréquents se situent en général au niveau des membres supérieurs.
Quels sont les signes avant-coureurs ?
Les signes précoces les plus fréquents quipeuvent alerter un individu sont les courbatures, les contractures ou lestensions. À ce niveau, il n’y a pas encore de « lésion » donc si uneaction est engagée à ce moment-là, il est plus facile d’enrayer l’évolution duTMS.
Il est important d’indiquer que plusieursstades existent:
Si la douleur est là, c’est qu’il fautréagir ! Avec la souffrance engendrée par les gestes nocifs, le corps nous« parle » et nous envoie un message : « Attention !surchauffe »
Il faut prendre garde à ces messages du corps,car les TMS sont insidieux et ont un impact au quotidien. Ils nous touchent,non seulement dans la vie professionnelle mais aussi dans la vie privée avectous les gestes que nous effectuons au quotidien. Attention, c’est un mal quine se voit pas… En effet, il n’y a rien de cassé et la douleur est uniquementressentie par l’individu. Or, selon l’évolution du trouble, la douleur peutdevenir récurrente !
On parle beaucoup de ces troubles cestemps-ci et notamment pour ce qu’ils coûtent à l’Administration de tutelle etaux entreprises. Cette problématique de TMS est-elle récente ?
Les TMS existent depuis longtemps maisauparavant, mal diagnostiqués, ils étaient souvent attribués à d’autrespathologies. Par ailleurs, le rapport à la douleur a évolué : aujourd’hui, on n’accepte plus d’avoir mal entravaillant, alors qu’auparavant, cela était vécu comme une fierté et unepreuve que l’on avait beaucoup donc bien travaillé.
Bien que l’évolution du code du travail et de laréglementation européenne ait fait baisser le poids des charges, d’autresfacteurs sont apparus. L’industrialisation massive, avec sa course aurendement, a profondément modifié les conditions de travail. En effet, lapolyvalence a été remplacée par des gestes répétitifs, destinés à gagner entemps et en efficacité ! Ça n’est pas sans conséquence sur la santé etc’est ce que l’on constate aujourd’hui.
Y a-t-il des secteurs d’activité particulièrementtouchés par ce phénomène ?
Tous sont concernés, et certains plus qued’autres : les secteurs liés à la production, à l’agro-alimentaire ou à lapharmaceutique, par exemple. Côté salariés, les plus exposés sontincontestablement les opérateurs, c’est-à-dire les postes où l’autonomie estmoindre. Tous les gestes naturels, comme s’étirer, ne sont pas possibles carles mouvements au poste doivent être précis, cadencés et répétitifs. Enenlevant la possibilité de s’étirer à l’individu, les muscles fatiguent.
Quelles actions de prévention peuvent êtremises en place ?
La première des préventions est l’informationdes salariés. Il est primordial qu’ils connaissent les signes précoces de TMSpour pouvoir eux-mêmes solliciter une aide et un suivi, en se dirigeant, parexemple, vers le service médical ou le CHSCT de leur entreprise.
Au niveau des actions qui peuvent être mises enplace dans l’entreprise, il faut réfléchir à l’ergonomie des postes etaméliorer les installations en place. Mais ce n’est pas suffisant : lecorps n’est pas fait pour rester assis ou dans la même position durant 8heures, il faut donc agir sur la récupération physique. D’où l’importance de laprévention active !
Le rôle des managers, des services RH et autresgestionnaires de personnel est crucial si on souhaite que les actionsmises en ?uvre soient efficaces. Les responsables devraient en effet autoriseret encourager les exercices et mesures de protection au quotidien. Il est primordial que le top management soitsensibilisé car les opérateurs ont besoin de se voir dégagé du temps pourpouvoir appliquer tous ces exercices.
Je souligne à nouveau que les exercicesd’étirements ont leur importance. Un sportif après une course s’étire et ildevrait en être de même pour les opérateurs. Les exercices doivent faire partiedu poste au même titre que les équipements de protectionindividuelle comme les gants, les lunettes de protection ou les chaussuresde sécurité. Et ce dès l’intégration d’un nouveau salarié par la mise en placede procédures d’accueil dédiées à la santé et la sécurité.
Dernière étape d’un projet de prévention TMS dans uneentreprise : la formation individuelle de personnes relais qui formeront àleur tour les opérateurs en interne. Lorsque les opérateurs sont formés à laprévention active, on constate en général une baisse significative des TMS dèsla première année !
Pour conclure, je dirais que c’est à chaqueentreprise de mettre en place et d’adapter « SON » projet deprévention, en fonction de son secteur d’activité, de ses contraintes, de sonenvironnement, et de ses salariés… Le plus important étant, par contre, desuivre attentivement cette problématique TMS et d’instaurer une vraie culturede prévention !
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nts et étirements au poste de travail